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d’Ormuz, il : releva aux premiers emplois par son courage et son habileté. Quoique aucun historien ne l’accuse d’avoir trempé dans le meurtre du roi Schehab-Eddyn Il ou III, assassiné par des esclaves abyssins, vers l’an 1186, il est permis de croire qu’il ne fut pas étranger à ce crime, qui devait profiter à son ambition. Il eut le crédit de placer sur le trône Schah-Weis, le plus jeune des frères du feu roi, au préjudice de son aîné, Salgar-Schah, sous prétexte que ce dernier, ayant passe la plus grande partie de sa vie en Arabie, y avait contracté des mœurs et des principes peu compatibles avec ceux des Ormuziens, que le voisinage de la Perse avait modifiés. Attar devint vizir du jeune roi. Cependant Salgar, ayant obtenu des secours de divers princes arabes, livra bataille à son frère, qui, abandonné par la majeure partie de ses troupes, en raison de la haine qu’elles avaient contre Attar, s’enfuit presque seul avec son vizir ; mais il fut pris, et Salgar lui fit crever les yeux en 1488. On ne sait ce que devint Attar pendant les douze années que dura le règne de Salgar-Schah. Il était parvenu à sauver un fils nouveau-né ou posthume de Schab-Weis, et à la mort de Salgar, qui ne laissait point d’enfants, vers Pan 1500, il fut assez puissant pour assurer le trône au jeune Seif-Eddyn IV, neveu du feu roi, et pour se faire décerner la régence de l’État pendant la minorité de ce prince. Attar montra dans ses fonctions une grande capacité, et le royaume d’Ormuz, affaibli par les guerres civiles et ravagé depuis par les Turcomans de la dynastie Ak-Koïounlu, qui régnait en Perse, aurait pu recouvrer sous lui son ancienne splendeur, si des circonstances imprévues n’eussent préparé son asservissement. Les Portugais venaient de faire des conquêtes importantes sur les côtes d’Afrique et de Malabar. Alphonse d’Albuquerque, le plus illustre de leurs capitaines, après avoir pris plusieurs des places qui appartenaient au roi d’Ormuz, sur le rivage oriental d’Arabie, parut devant l’île de ce nom le 24 septembre 1501 : il lit signifier à Seif-Eddyn de se rendre tributaire des Portugais et de leur accorder un établissement sur les côtes qu’il possédait en Perse, lui offrant à ce prix la paix et une alliance avantageuse, ou la guerre en cas de refus. Attar, informé des succès des Portugais, différa sa réponse et leur envoya des présents pour gagner du temps. Quand il eut réuni 20 000 hommes de troupes près de la capitale, et une flotte de trois cents voiles qui en portait plus de 5 000, il leva le masque, et fit répondre à Albuquerque que le roi d’Ormuz, loin de payer tribut aux étrangers qui venaient dans ses ports, était en droit de l’exiger d’eux ; qu’on accorderait aux Portugais les mêmes conditions qu’aux autres étrangers ; mais que s’ils usaient de violence, il leur apprendrait qu’ils n’avaient plus affaire à de misérables Cafres. Albuquerque jugea, d’après cette réponse, qu’il fallait recourir à la force ouverte. Attar, qui commandait en personne la flotte ormuzienne, la rangea au large sur deux lignes, afln d’envelopper Pescadrille portugaise. Mais après huit heures de combat il fallut céder à la supériorité de 18 M* tique et de l’artillerie européennes. Attar, passant subitement de la présomption au découragement, demanda la paix et accepta toutes les conditions qui lui furent imposées. Il se rendit tributaire de la cour de Lisbonne, et un terrain fut accordé aux Portugais pour y bâtir une citadelle. Les travaux étaient fort avancés, lorsque Attar, qui avait remarqué le petit nombre d’étrangers auxquels il avait sacrifié son pays, résolut de recouvrer par la ruse ce que le sort des armes l’avait forcé de céder. Il débaucha par ses largesses plusieurs ouvriers qu’il fit disparaître, et gagna quelques capitaines, dont il excita et fomenta la mésintelligence et l’insubordination. Alors il se présenta devant Albuquerque, et lui intima l’ordre de partir, promettant de faire achever la citadelle et de payer exactement le tribut que la présence des Portugais rendait plus onéreux par la cessation du commerce. Le refus d’Albuquerque lit recommencer la guerre. Attar, qui s’y était préparé secrètement, soutint un siège dans la capitale, prit ensuite l’offensive, et força les Portugais à se rembarquer. Albuquerque revint l’année suivante avec des renforts ; mais Attar l’éloigna encore en lui montrant des lettres de don François d’Almeida, qui désavouait l’entreprise de son lieutenant. Albuquerque, ayant succédé à ce vice-roi en 1500 et pris Goa en 1510, différa l’exécution de ses projets sur Ormuz. Attar continua de payer le tribut annuel ; toutefois il ne laissa pas de faire achever la citadelle que les Portugais avaient commencée.

Il fit empoisonner un ambassadeur qu’Albuquerque envoyait au roi de Perse, et il ne négligea rien pour se préparer à repousser une nouvelle invasion. Les talents d’Attar auraient peut-être préservé le royaume d’Ormuz de subir le joug portugais ; mais cet habile ministre mourut en 1515, et Albuquerque conquit Ormuz deux ans après.


ATTARDI (Bonaventure), de l’ordre de St-Augustin, né à St-Philippe d’Agire, ou d’Argire, ancienne ville de la Sicile, fut d’abord professeur d’histoire sacrée à l’université de Catane, et ensuite nommé, en 1758, provincial de son ordre, en Sicile établant. On a de lui :1° Bilancia della verita, Palerme, 1758, in-4°. C’est une réponse au livre intitulé : Paulus apostolus in mari, quod nunc Venetus Sinus dicitur, naufragus, par le P. Ignace Giorgi, bénédictin de la congrégation de Raguse. La question était de savoir ce que c’était que l’île appelée en latin Melita, où aborda St. Paul après son naufrage. L’opinion la plus commune voulait que ce fût l’île de Malte, entre la Sicile et l’Afrique, tandis que d’autres soutenaient que c’était une île de la Dalmatie, appelée aujourd’hui Melada. Le P. Giorgi avait écrit en faveur de cette dernière opinion ; Attardi soutint victorieusement la première. 2° Lettera scritta ad un suo amico, in prova che S. Filippo d’Argira fu mandaio dal principe degli apostoli S. Pietro, Palerme, 1738, in-4°. 3° La Riposta senza maschera al sig. Lodovico Antonio Muratori, Palerme,