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diesse sur les affaires d’État et de religion. Avant d’être nommé coadjuteur de l’abbé de Saint Bavon, il avait été marié avec Jacoba d’Amant, qui mourut sans laisser d’enfants. Dans sa vie ecclésiastique, il fit un noble usage des richesses que lui avait procuré ces postes honorables : il fonda un hôpital à Zuichem en Frise, et il dota richement, à Louvain, un collège qui fut nommé, d’après lui, le collège de Viglius. Il mourut à Bruxelles, en 1577, âgé de 70 ans. Son corps fut enseveli à Gand, dans l’église de Saint-Jean, où, de son vivant, il avait fait préparer sa sépulture. On y a érigé un monument, avec une épitaphe qui rappelle les services essentiels et qu’il a rendu à sa patrie. On a frappé en son honneur plusieurs médailles avec son portrait dont on peut voir la description, Van Toon nederl. Hist. t. 1er. Il a écrit beaucoup d’ouvrages, dont une partie est encore manuscrite, et à passer de sa bibliothèque dans celle de Louvain. Voici les titres de ceux qui ont été imprimés : 1° Instilutiones D. Justiniani in græc. ling. per Theophilum olin traductæ, Louvain, 1556, in-4o ; 2° Justificatio rationum ob quas regina Hungaria, Belgii gubernatrix, contra ducem Cliviæ arma sumpsil, Anvers, 1545, in-8o ; 3° Comment. in tit. 10, lib. 2, Instit., de Testamentis, Bâle, Louvain, etc. ; 4° Comment. in tit. Digest. de Rebus creditis, etc., Cologne, 1585, in-8o ; 5° Epistolæ politicæ et historicæ ad Joach. Hopporum, etc., cura Simon. Abb. Gabbema, Louvain, 1661, in-8o. — D-g.


AZALAÏS DE PORCAIRAGUES, femme poëte du 12e siècle, a été mise dans la classe des troubadours : ses poésies, dont il ne nous reste qu’une seule pièce assez bien écrite, roulaient sur l’inépuisable sujet qui occupait les poëtes de ce temps, et l’on conçoit qu’Azalaïs ne fut pas plus injuste, en se plaignant de l’infidélité des hommes, que les troubadours en maudissant l’inconstance des femmes. Il parait qu’elle eut surtout à se plaindre du peu de fidélité de Rambaud, comté d’orange, troubadour qui, faisant l’amour en grand seigneur, avait fort peu d’égards pour les femmes d’une classe inférieure : Azalaïs tenait cependant à une famille distinguée de Montpellier. P-x.


AZAMBUZA (Diégo d’), Portugais. Depuis la mort du prince Henri, à qui l’on est redevable des premières découvertes qui ont été faites sur la côte occidentale d’Afrique, le commerce des Portugais avait reçu des accroissements considérables. Jean II, petit-neveu de ce prince, qui connaissait les profits immenses que l’État retirait du commerce de la côte de Guinée, parce que son père Alphonse V les lui avait accordés pour l’entretien de sa maison, résolut d’y former un établissement. Il fit choix du lieu d’où l’on apportait le plus d’or, et qui, par cette raison, avait été appelé la Mine. Diégo d’Azambuza, chargé de l’exécution de ce projet, partit en 1481, ayant douze vaisseaux sous ses ordres, avec des forces suffisantes pour soumettre les habitants, et un nombre d’ouvriers assez considérable ; il avait aussi amené avec lui des missionnaires. Son premier soin, en arrivant, fut de cimenter par des négociations la bonne intelligence qui avait existé entre les Portugais et les habitants ; ensuite il débarqua sans difficulté à la tête de sa troupe. Le roi de ces contrées, nommé Kasamansa, vint le recevoir, accompagné d’un très-grand nombre de ses sujets. Azambuza lui exposa publiquement les motifs de son voyage, proposa à tous ceux qui étaient venus au-devant de lui de les instruire de la foi chrétienne, et demanda la permission de former un établissement. La première proposition fut acceptée sans répugnance ; mais les historiens dirent que la seconde fit éclater des marques générales de désapprobation. Azambuza appuya cependant avec tant d’instances sur ce second article, que le roi finit, malgré le mécontentement de ses sujets, par lui permettre de former son établissement. Les Portugais travaillèrent aussitôt a la construction du fort St-George de la Mina. Ce fort fut bâti sur un rocher dont les habitants faisaient un des objets de leur culte ; les ouvriers furent souvent troublés dans leurs travaux par des attaques imprévues ; mais Azambuza parvint toujours à les apaiser sans effusion de sang. Des que le fort fut achevé, il renvoya sa flotte en Portugal, et resta encore pendant trois ans pour consolider son établissement, qui, depuis, est devenu le plus considérable de cette côte ; ensuite il revint dans sa patrie. Les historiens portugais donnent de grands éloges à la douceur et à l’intégrité d’Azambuza ; ils le rangent parmi ce petit nombre d’hommes qui, sans violence et sans concussions, sont parvenus à s’établir au milieu des nations sauvages. Les mêmes historiens prétendent que le fort St-George de la Mina est le premier établissement européen de la cote de Guinée : selon l’opinion la plus généralement reçue, la côte elle-même a été découverte par des navigateurs de leur nation, sous la direction du prince Henri. On a cependant voulu contester cet honneur à leurs compatriotes, et attribuer la découverte des côtes occidentales d’Afrique a des navigateurs du port de Dieppe. (Voy. Labay.) R-l.


AZAN, l’un des fondateurs du royaume de Bulgarie. Voyez Pierre, roi des Bulgares.


AZAN III, roi de Bulgarie, descendait, par sa mère, du célèbre Azan qui, réuni à son frère Pierre, délivra son pays du joug des Grecs. Azan III était l’héritier légitime de la couronne ; mais l’ordre de la succession avait été interverti plus d’une fois, au milieu de sanglantes révolutions. Un usurpateur obscur exerçait l’autorité, lorsque Michel Paléologue entreprit de rétablir sur le trône de ses pères le jeune Azan, auquel il avait donné sa fille Irène en mariage. L’usurpateur fut chassé, et se réfugia chez les Tatars. Une partie de la nation n’avait reçu qu’avec peine son souverain, de la main de l’empereur. De nouvelles factions s’élevèrent. Azan, qui pouvait les combattre, aima mieux éviter à son pays les horreurs d’une guerre civile ; et, emportant avec lui tous ses trésors, il se retira chez son beau-père, et finit paisiblement ses jours à Constantinople. Ducange place les événements de son règne entre les années 1275 et 1280. D. N-l.