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gier à Malvana. Ayant ensuite rassemblé quelques troupes, il força les Chingulais à rentrer dans le devoir, et commit d’horribles cruautés dans cette île. Élevé peu de temps après à la vice-royauté des Indes, il gouverna avec vigueur, fit plusieurs armements, et fut néanmoins soupçonné de favoriser les Anglais. Sa vice-royauté expirée, il revint en Portugal en 1017, et y fut aussitôt arrêté. Accusé de concussion, de cruauté et de trahison, il mourut dans les fers.


AZEVEDO (Ignace), issu d’une des plus illustres familles du Portugal, naquit à Porto, l’an 1527. Destiné à jouir de tous les avantages que lui donnait sa qualité de fils aîné, il en fit le sacrifice en faveur de son frère François, et entra dans l’ordre des jésuites, à Coïmbre, en 1518. Il poussa si loin les abstinences et les mortifications, que ses supérieurs furent obligés de l’exhorter à être moins sévère envers lui-même. On ouvrit dans ce temps, à Lisbonne, le nouveau collège de St-Antoine. Avézédo en fut nommé recteur, quoiqu’il n’eût pas encore vingt-six ans. Le zèle qu’il développa dans cette charge, même dans les fonctions les plus pénibles, étonna tous ceux qui en furent témoins. Passant un jour dans la rue auprès de trois malheureux dont la maladie dégoûtante, suite de leurs débauches, avait fait fuir tous les passants, et même leurs parents, Azévédo, touché de leur sort, et ne consultant que son zèle, les chargea l’un après l’autre sur ses épaules, et les porta à l’hospice, où il resta auprès d’eux jusqu’à leur dernier moment, en leur prodiguant tous les secours, et en les préparant à la mort, par la confession de leurs fautes. L’archevêque de Brague, informé de la sainteté des mœurs d’Azévédo, le fit demander pour l’accompagner dans la tournée qu’il était sur le point de faire dans son diocèse. Nommé recteur des jésuites de Brague, et fatigué, dit son historien, des marques de vénération dont il était l’objet, il demanda à être envoyé aux missions des Indes. Il s’embarqua pour le Brésil, n’emportant avec lui qu’un zèle ardent pour la religion et pour le bonheur de ses semblables. Sa mission dura trois ans, et eut le succès qu’on en devait attendre. Il travailla sans relâche à civiliser les sauvages, et à donner à ses confrères l’exemple d’un vrai missionnaire. À peine de retour à Lisbonne, il songeait déjà à une seconde mission ; il alla à Rome pour rendre compte de son voyage au chef de l’Église, et il obtint l’approbation de ses nouveaux projets. Azévédo retourna en Espagne et en Portugal, avec la permission de choisir pour compagnons tous les jeunes jésuites qu’il jugerait propres aux missions. Après avoir parcouru les collèges de ces royaumes, et emmené un grand nombre de jeunes gens pour l’accompagner aux Indes, il s’embarqua avec trente-neuf jésuites à Lisbonne, en 1570, sur un vaisseau marchand, laissant les autres sur une escadre qui devait suivre le convoi. Aux environs de l’île de Palme, le vaisseau portugais fut attaqué par Jacques Sourie de la Rochelle, vice-amiral de la reine de Navarre et fougueux calviniste. Le capitaine portugais, croyant que son équipage ne suffisait pas pour la défense de son vaisseau, voulut armer les jeunes jésuites. Azévédo s’y opposa ; mais il ne cessa d’exhorter les matelots au combat, et d’employer les religieux aux divers besoins du vaisseau que Jacques Sourie avait déjà entouré de son escadre. Trois Français tentèrent l’abordage ; mais, n’étant pas suivis des autres, ils furent pris par les Portugais, décapités et jetés dans la mer, en présence de Sourie, qui n’en devint que plus furieux, et fit sans relâche tirer sur le vaisseau. Le capitaine et plusieurs matelots furent tués, ce qui obligea le reste de se rendre. Sourie n’assouvit sa rage que sur les jésuites, tant par esprit de secte, que parce qu’il les regardait comme les auteurs de la mort des trois hommes de son équipage. Azévédo et les trente-neuf missionnaires furent massacrés de la manière la plus barbare, et leurs corps mutilés et jetés dans la mer. Cette cruauté fit beaucoup de bruit en Europe. En Espagne, on révéra dès lors les victimes de Sourie comme martyrs. Jacques Courtois, dit le Bourguignon, peintre et jésuite, fit de leur mort le sujet d’un tableau. Enfin Pie V canonisa Azévédo et ses compagnons comme martyrs, par une bulle qui fut confirmée par Benoît XIV. Deux jésuites, Jules de Cordara et le P. de Beauvais, ont écrit la vie d’Azévédo. C’est de l’ouvrage du dernier que sont extraits les détails qu’on vient de lire. Il a fallu cependant les dépouiller du ton merveilleux qui caractérise les récits du jésuite, toujours empressé de relever la gloire de son ordre.


AZEVEDO (Louis d’), né à Chaves en Portugal, l’an 1575, entra dans l’ordre des jésuites, l’an 1589, et, après avoir exercé pendant quelque temps les fonctions de recteur à Tayne, il fut envoyé, l’an 1601, avec d’autres missionnaires, en Éthiopie. Pendant trente ans, il y convertit un grand nombre de naturels, et il y mourut en 1654. Il s’était tellement familiarisé, pendant ce long séjour, avec les langues du pays, qu’il fut en état de traduire, conjointement avec Louis Cadeira, le Nouveau Testament et le catéchisme en langue amharique, et de faire une version éthiopienne des ouvrages ecclésiastiques de Toléte, Vibera et Natalis. Azévédo composa aussi une grammaire de la langue amharique.

Sylvestre d’Azévédo, dominicain, autre missionnaire portugais, entreprit, en 1580, le voyage de Camboje, et y prêcha l’Évangile avec tant de succès, qu’un grand nombre de naturels et plusieurs personnes de la cour du roi de ce pays se firent baptiser. Le souverain favorise lui-même le zèle du missionnaire, et l’engagea à écrire, dans la langue du pays, un traité sur la religion chrétienne qui est intitulé : de Mysteriis fidei christianæ. Louis d’Azévédo mourut en 1580, quatre ans après avoir achevé cet ouvrage.


AZEVEDO Countinho y Bernal, ou Bernall, car il a fait imprimer lui-même ce nom de deux manières (Joseph-Félix-Antoine-François de), né à Malines, le 22 avril 1717, y devint chanoine de Notre-Dame au delà de la Dyle, le 2 mai 1758, et y mourut dans un âge avancé, vers 1780. Cet écrivain, dont les biographes ont laissé échapper le nom, et auquel M. Querard lui-même n’a pas consa-