Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 2.djvu/546

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cences mêmes sur cet événement sont défavorables a l’honneur anglais. Quoi qu’il en soit, Azim-ed Daulah, effrayé des prétentions des parents de son cousin, excités par les agents de l’Angleterre, crut se sauver en signant, le 31 juillet 1801, le traité par lequel, en échange du titre de nabab et d’une augmentation de revenus, il cédait à ses prétendus protecteurs la possession de tous ses États, et il ne fut plus qu’un mannequin couronné résidant à Madras, où il vivait d’une manière assez splendide, mais sans dignité comme sans autorité, quoiqu’il eût une garde d’honneur de huit cents cipayes et de deux cent cinquante cavaliers, salariés par ses patrons, et qu’on portât devant lui les insignes du pouvoir, un sabre et un poignard enrichis de diamants. Les Anglais faisaient fort peu de cas de ce prince. On peut en juger par ce qu’a dit de lui lord Bentinck, gouverneur de Madras, au sujet de l’étiquette des audiences et des visites. Il sait peu ce qu’il doit faire ; il se regarde ici comme étranger. Selon Valencia, ce prince avait le teint sombre, la physionomie insignifiante et les manières communes. Mais M. Renouard de Ste-Croix, dans son Voyage commercial, le traite plus favorablement ; et son opinion est appuyée par l’éditeur d’une biographie anglaise publiée en 1822.

Azim-ed Daulah avait des traits réguliers, une très-belle figure. Son caractère aimable et doux était peint sur sa physionomie, qui n’avait rien de cet aspect farouche des princes asiatiques. Atteint d’une maladie épidémique qui désola l’Inde pendant deux ans, l’excès de son embonpoint le fit promptement succomber, le 15 août 1819, à l’âge d’environ 50 ans ; les Anglais, qui, suivant la biographie déjà citée, lui avaient procuré sur la terre le paradis des musulmans, célébrèrent ses obsèques avec une pompe dérisoire. Ce prince paraît avoir eu deux successeurs aussi nuls que lui ; et le Carnatik reste incorporé à l’empire de l’Inde britannique.

A—t.


AZNAR, comte de la Vasconie française (Gascogne), chargé en 824, par Pépin, roi d’Aquitaine, d’étouffer la révolte des Vascons navarrais, réussit, fut ensuite attaqué par les Maures, fait prisonnier, et délivré par ces mêmes Vascons, qui le désiraient pour chef. Mécontent de Pépin, Aznar repassa les Pyrénées en 851, s’empara d’une partie de la Navarre et, à la faveur des troubles qui agitaient la France à cette époque, il se maintint dans son usurpation jusqu’à sa mort, en 856. Sancho, son frère, lui ayant succédé, conserva la souveraineté de la Navarre sous le titre de comte, et la transmit à son fils Garcias, dont le successeur (don Garcias) paraît avoir porté le premier le titre de roi en 857. Aznar, dont l’origine est inconnue, fut ainsi la tige des souverains de la Navarre, la plus ancienne monarchie des Espagnes, après les Asturies.

B-p.

AZO ou AZON, jurisconsulte du 12e siècle. Lorsqu’après le recouvrement des Pandectes, Irnérius vint enseigner le droit à Bologne, cette école devint très-fameuse ; Martin, Bulgare, Piléus, ses disciples, consolidèrent la réputation de cette académie, et Azo, qui suivit les leçons de Piléus, surpasse bientôt son maître, et devint le chef d’une école estimée. Il commença par enseigner le droit à Bologne, sa patrie. Obligé de quitter cette ville par les vexations que lui tirent éprouver ses rivaux, envieux de sa gloire, il vint à Montpellier, et on lui donna la chaire que venait d’occuper Placentin, jurisconsulte français. Azo, violent par caractère, dur dans la dispute, tranchant dans la discussion, mais savant commentateur et profond jurisconsulte, n’en augmente pas moins tellement sa réputation à Montpellier, que les habitants de Bologne furent obligés de le rappeler dans leur ville, afin de repeupler leurs écoles, devenues désertes depuis son absence. Pasquier, dans ses Recherches sur la France, livre : 9, chap. 59, donne, sur la mort d’Azo, une version fabuleuse, démentie et réfutée par Pancirole et Tiraboschi. Azo mourut en 1200. On lui érigea à Bologne un superbe monument en 1416, pour remplacer, dit l’inscription, celui qui lui avait été élevé en 1200, et que le temps avait détruit ; c’est dans cette inscription qu’on rappelle la lumière des jurisconsultes. Ses ouvrages, appelés Summa Azonis, ses gloses sur le Digeste et sur le Code, imprimés à Spire, en 1482, in-fol., quoique composés dans un siècle encore barbare, sont encore utiles à consulter, en raison de la profonde érudition de ce savant jurisconsulte. (Voy. Accurse.) K.


AZOPARDI (François), maître de chapelle à Malte, vers le milieu du 18e siècle, a composé beaucoup de musique d’église ; mais il est plus connu par un traité de composition qu’il publia en 1760 sous ce titre : il Musica pratico. Framery en a donné une traduction française intitulée : le Musicien pratique, ou leçons qui conduisent les élèves dans l’art du contre-point, en leur enseignant la manière de composer correctement toute espèce de musique, Paris, 1780, 2 vol. in-8°, l’un de texte, l’autre d’exemples. C’est un ouvrage médiocre, ou les exemples sont faiblement conçus et mal écrits. Choron en a donné une édition plus commode, dans laquelle il a intercalé les exemples au milieu du texte, Paris, 1824, l vol. in-4°.

F-t-s.


AZOR (Jean), jésuite espagnol, né vers le milieu du 16e siècle. Il professa successivement à Alcala et à Rome, et mourut dans cette dernière ville en 1603. Ce religieux, aussi recommandable par son savoir que par sa piété, a laissé des Institutions morales, écrites en latin, et qui furent très-estimées dans son temps. K.


AZPILCUETA. Voyez Navarre.


AZUNI (Dominique-Albert), jurisconsulte et historien, était né dans l’île de Sardaigne, à Sassari, vers 1760. Après avoir terminé ses études, il embrassa la profession d’avocat et s’établit à Cagliari, résidence de la cour souveraine. Consulté chaque jour par des négociants sur les difficultés qui survenaient, il s’attacha particulièrement au droit commercial ; et ses décisions sur cette matière devinrent la règle des tribunaux. Ayant été nommé par son souverain juge-consul à Nice, il fut fait peu de temps après membre du sénat. À l’entrée des Français dans les États du roi de Sardaigne, Azuni se retira d’abord à Florence, où il publia la première édition de