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villes, et que, dans les campagnes, ils deviendraient la proie des oiseaux. Cette menace, au lieu de le faire rentrer en lui-même, le rendit furieux, et il déchargea sa colère sur le prophète, qu’il fit aussitôt périr. Baasa fut toujours en guerre avec Asa, roi de Juda, qu’il chercha à bloquer dans son royaume, en construisant la forteresse de Rama ; mais Bénadab, roi de Syrie, ayant été appelé au secours d’Asa, fit une puissante diversion, et conquit tout le pays occupé par la tribu de Nephtali. Dès lors Rama fut détruite de fond en comble par le roi de Juda. Baasa avait fait de Thersa la capitale de son royaume. Son régne fut de 24 ans. Il mourut environ l’an 926 avant J.-C. Son fils Ela lui succéda. T-d.


BAAZIUS (Jean), évêque suédois, naquit en 1581. Après avoir fait de bonnes études en Allemagne, il fut appelé à professer la théologie en Suède, puis s’éleva successivement à la dignité d’archidiacre et à celle d’évêque de Wexio. La douceur de son caractère et la modération de ses principes le firent estimer autant que ses connaissances. Il mourut en 1649. Parmi les ouvrages qu’il publia, il faut remarquer l’histoire ecclésiastique de Suède qu’il fit imprimer à Linkoeping, en 1642, in-4o, par ordre du gouvernement, pendant la minorité de Christine, sous le titre de : Inventarium Ecclcsiar Sueco-Gothorum, etc. Cette histoire, qui s’étend depuis les anciens temps jusqu’à l’année 1642, a du mérite, surtout pour les époques plus modernes, quoiqu’elle ait été surpassée par les ouvrages sur le même sujet publiés depuis par OErnhielm et Celsius. L’évêque Baazius eut trois fils, qui se distinguèrent. — Jean devint archevêque d’Upsal. — Éric, anobli sous le nom de Leionhielm, se fit connaître avantageusement dans la carrière des armes. — Benoit, anobli sous le nom d’EKESCHILD, fut instituteur du prince Charles Gustave, depuis roi de Suède, et composa en latin plusieurs ouvrages de littérature et d’histoire. C— AD.


BABA, sectaire turc, parut dans la ville d’Amasée, l’an 638 de l’hégire, 1240 de J.C., exigeant de ceux qui croyaient en lui cette profession de foi : « Il n’y a qu’un Dieu, et Baba est l’envoyé de Dieu. » Les mahométans firent d’abord de vains efforts pour s’emparer de cet ennemi de leur croyance. Ses sectateurs étaient si nombreux qu’il se vit bientôt en état de lever une nombreuse armée dont il se servit pour ravager une grande partie de la Natolie ; mais les mahométans, aidés par les Francs, le combattirent avec vigueur, le mirent en déroute, et parvinrent enfin à anéantir sa secte. D-t.


BABA-ALI, premier dey indépendant d’Alger, exerçait les fonctions de batcha-ousch (Tschaousch-bachi), ou grand prévôt, lorsqu’une révolution terrible, provoquée par l’incontinence du dey Ibrahim, termina, en 1710, la vie de ce tyran. Baba-Ali, élu pour lui succéder, fut obligé d’immoler 1,700 victimes à sa sûreté, tant parmi ceux qui paraissaient disposés à venger la mort d’Ibrahim, que parmi ceux qui cherchaient dans ces exécutions des motifs pour exciter de nouveaux troubles. Ce dey, d’une valeur éprouvée et d’un mérite reconnu, illustra son règne

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et rendit sa mémoire chère au peuple d’Alger en le délivrant de la tyrannie des pachas turcs, et en élevant à l’indépendance le chef du gouvernement, jusqu’alors humble vassal et tributaire de la Porte ottomane. Depuis la malheureuse expédition de Charles-Quint contre Alger, les Turcs avaient exercé la plus grande influence dans cette régence, jusqu’au commencement du 17e siècle. À cette époque, l’autorité du pacha fut balancée par l’institution d’un dey chargé de la perception des impôts et de l’entretien des troupes qui pussent suffire à la défense de l’État, sans le secours de la Porte. Le pacha qui gouvernait Alger en 1710 ayant voulu s’opposer à l’élection de Baba-Ali, et s’arroger trop de part à l’autorité, le nouveau dey le fit arrêter et l’embarqua pour Constantinople, en le menaçant de le mettre à mort s’il revenait à Alger. Cet homme habile envoya en même temps un ambassadeur avec de riches présents pour le Grand Seigneur, les sultans, les vizirs et les grands officiers du sérail. Il lui avait aussi remis un mémoire justificatif, où, après avoir exposé les griefs contre le pacha, dont on n’avait épargné les jours, disait-il, que par respect pour le nom ottoman, le dégoût insurmontable de la milice et des habitants d’Alger contre le gouvernement des pachas, il finissait par représenter qu’un pacha étant désormais inutile et dangereux, il était convenable de ne plus en envoyer et de conférer ce titre au dey. La demande de Baba-Ali lui ayant été accordée, il fut alors regardé et gouverna comme souverain allié, et non plus comme sujet de la Porte ottomane, dont il ne recevait les ordres que lorsqu’il s’agissait d’affaires de religion ou d’alliance contre les chrétiens. Cet état de choses a duré jusqu’à la conquête d’Alger par les Français. Baba-Ali, loin de vexer les Européens, à l’exemple de la plupart de ses prédécesseurs et de ses successeurs, fit périr dans les supplices, en 1716, un Maure qui avait donné un soufflet au consul anglais, et il renouvela l’alliance d’Alger avec l’Angleterre. Ce dey paya néanmoins le tribut aux préjugés de la religion, et fut victime de sa croyance au dogme de la prédestination. Attaqué d’une violente fièvre, il refusa de prendre aucun remède, et de consulter un chirurgien français, de peur de contrarier le décret de la Providence, et il mourut en 1718, emportant l’estime et les regrets des Européens et des musulmans. — Un autre BABA-ALI, aussi dey d’Alger, mourut en 1766, et eut pour successeur Baba-Mahmed. A-t.


BABBINI ou BABINI (Matthieu), célèbre musicien, naquit en 1754, à Bologne, d’une famille pauvre. Son intelligence précoce détermina ses parents à s’imposer des privations pour lui faire étudier la chirurgie, dans l’espoir qu’il mériterait un jour le titre de docteur. Il fréquentait donc les cours de la faculté lorsque la mort de ses parents le laissa sans ressources. Heureusement il avait une tante, mariée au fameux ténor Arcangelo Cortoni, qui le recueillit et le soigna comme son fils. La fortune ne pouvait pas lui présenter une occasion plus favorable de cultiver son goût pour la musique. Cortoni lui donna des leçons, et, charmé de ses heureuses dis