Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 32.djvu/402

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présente une Madone asise entre les quatre vierges d’Aquilée, et environnée de St-Jean-Baptiste, de St-Donato et d’un ange, semble au remier aspect un ouvrage du Giorgione : cette belle peinture, exécutée en 1529, passe pour un des ouvrages lesg plus précieux de tout le Frioul. Parmi ses productions les plus remarquables, on cite les divers sujets de la vie de Jésus-Christ, qu’il a peints à fresque dans l’église de St-Antoine, au couvent de St-Daniel, et qu’il a enrichis des portraits des confrères de cet oratoire. Ces portraits, peints avec un rare talent, semblent respirer. Lorsque le duc de Ferrare, Alphonse d’Este, eut conçu le noble projet de réunir autour de lui les hommes de génie les plus éminents de l’Italie, le Titien vint embellir une cour que l’Arioste immortalisait par ses vers. Pellegrino ne parut pas indigne d’être associé à ces grands noms. Il fut appelé à Ferrare, et laissa dans cette ville plusieurs ouvrages malheureusement confondus avec ceux de Dosso Dossi, dont la manière avait avec la sienne beaucoup d’analogie. Pellegrino avait établi dans sa patrie une école de peinture, d’où sont sortis des artistes estimés. Il mourut l’an 1546. — Pellegrino da Modana, peintre, naquit à Modène et florissait en 1509. Son véritable nom était Munari. Son père, nommé Jean être gardé comme l’un des meilleurs artistes de l’école de Modène, l’instruisit lui-même dans son art et l’envoya se perfectionner à Rome. Le jeune Pellegrino entra dans l’école de Raphaël, et c’est peut-être de tous ses disciples celui qui lui ressemble le plus pour les airs de tête et par une certaine grâce dans la pose et le mouvement des figures. Il termina d’une manière vraiment admirable, sous la direction de Raphaël, l’Histoire de Job et quatre traits de la Vie de Salomon, dans la loge du Vatican. Après la mort de Raphaël, le séjour de Rome lui devint insupportable, et il revint dans sa patrie, où il ouvrit une école qui vit naître une longue succession de peintures dans la manière de Raphaël. C’est là qu’il a donné des preuves irrécusables de son talent. On admire surtout une Nativité de Jésus-Christ, où tout respire les grâces et l’amabilité de son maître, et que l’on conserve précieusement dans l’église de St-Paul. Un de ses fils avait tué un jeune homme de Modène ; les parents du mort voulurent venger ce meurtre : n’ayant pu trouver le coupable, ils tournèrent leur fureur contre son père, et lui arrachèrent la vie en 1523. — César di Pellegrino, surnommé Arétusi, fils du précédent, naquit probablement à Modène, mais passa presque toute sa vie à Bologne, où il reçut le droit de bourgeoisie. Il y forma son style en copiant les tableaux de Bagnacavallo. L’ouvrage qui lui acquit la réputation de bon peintre est la copie des peintures de la tribune de l’église de St-Jean à Parme, exécutées primitivement par le Corrége. Le duc Ranuccio avait le projet de faire agrandir le chœur de cette église ; mais il fallait démolir la tribune que le Corrége avait peinte. On appela l’Arétusi à Parme, et on lui commande une copie exacte de ces belles peintures. Il résulte d’un contrat passé avec le peintre en 1586, et que rapporte le P. Affo, qu’il s’engagea à copier la Madone couronnée à condition qu’on nourrirait l’élève qui serait chargé de faire le carton. Ce document authentique contredit le récit de quelques historiens, qui prétendent que l’Arétusi refusa d’abord de peindre cette copie comme indigne de son talent, et l’ouvrage d’un écolier plutôt que d’un maître, et qu’alors Annibal Carrache, aidé d’Augustin, son frère, peignit les fragments de ce bel ouvrage, que l’on voit à Capo di Monte, et qui servirent de guide à l’Arétusi pour repeindre ce tableau en 1587 dans la nouvelle fabrique. Ce trait ne peut convenir à Annibal, qui à cette époque était déjà un maître célèbre. Que penser d’un tel fait et de ces cartons que la voix publique attribue au Carrache et que l’on dit être dignes de lui ? L’auteur fut un habile coloriste, qui se rapproche beaucoup de l’école vénitienne ; mais ses inventions sont pauvres et stériles. Il fut aidé dans ses ouvrages par J.-B. Fiorini, qui possédait les qualités opposées. L’amitié qui les unit toute la vie rendit tous leurs travaux communs : ces deux peintres, qui, séparés, n’eussent produit que des ouvrages médiocres, sont parvenus à exécuter ensemble des tableaux d’un mérite supérieur, et l’on peut sans crainte associer Fiorini à tous les ouvrages où l’Arétusi seul a mis son nom. Telle est, à Ste-Afra de Brescia, une Nativité de la Vierge, remarquable par la vigueur avec laquelle elle est peinte et qui est attribuée à lui seul. L’unique genre d’ouvrage où il ait su se faire un nom par lui-même est le portrait, pour lequel il fut employé par un grand nombre de princes. Il eut de même un talent particulier dans l’art de copier les grands maîtres. Il savait tellement imiter la manière propre à chacun d’eux que les plus habiles y étaient trompés. C’est surtout le Corrége qu’il rendait avec le plus de vérité. La copie du célèbre tableau de la Nuit, qui lui fut commandée pour l’église de St-Jean de Parme, est si parfaite que Raphaël Mengs lui-même affirme que, si ce tableau venait à se perdre, cette copie pourrait le remplacer sous tous les rapports. C’est à la perfection de cette copie qu’il dut d’être chargé de celles dont il a été fait mention, et dont on dit que, pour l’exactitude de l’imitation, le goût de la peinture, l’harmonie et l’accord du coloris, on les prendrait pour des originaux. César de Pellegrino mourut en 1612.

P-s.


PELLENC, diplomate célèbre, était né à Aix, en Provence, vers 1760. Après avoir été secrétaire de Mirabeau dans les premiers temps de la révolution, il émigra et se rendit à Vienne, où il se lia intimement avec Thugut, qui recevait, comme l’on sait, une pension du gouvernement