Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 32.djvu/403

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révolutionnaire de France. On a tout lieu de penser qu’il en fut ainsi de Pellenc, que l’on initia bientôt dans les plus importants secrets de la politique autrichienne. Ayant conservées relations avec la France et surtout avec Maret, duc de Bassano, qu’il avait connu à Paris, on croit qu’il lui fit savoir des choses de la plus haute importance. La cour de Vienne ayant eu des sou çons, Pellenc fut surveillé avec soin, et il ne tarclva pas à concevoir de l’inquiétude. Alors il demanda son retour en France et n’eut pas de peine à l’obtenir par la protection de Maret. Il vint à Paris en 1809 et reçut de Napoléon une pension de douze mille francs. Il fut en même temps employé au ministère des affaires étrangères, puis nommé auditeur et censeur impérial. Tous ces avantages lui furent conservés par la restauration, qui le nomma en 1817 l’un des censeurs des journaux. Il se soumit sans hésiter au gouvernement de 1830, conserva les mêmes traitements et mourut à Paris en 1835. Il a beaucoup écrit dans des brochures politiques et divers journaux, mais sans jamais rien signer. C’était sans nul doute un des plus rusés diplomates de notre époque.

Z.


PELLEPORE (Arms-Gitnáon Lsrrirru, marquis ma), né à Stenay, en Lorraine, vers 1755, d’une ancienne famille noble, entra au service dès sa plus tendre jeunesse comme sous-lieutenant dans un régiment d’infanterie, et bientôt, dégouté de la carrière des armes, vint habiter la capitale, où il se livra à beaucoup de désordres, ce qui le mit à même de connaître les mœurs de cette époque, et de composer avec connaissance de cause des satires, où il en a encore noirci le tableau. Beaucoup furent publiées sous le voile de l’anonyme. Le marquis de Pellepore mourut vers 1810 à Paris. Les publications que l’on connaît de lui sont : les Petits soupers et les Nuits de l’hôtel de Bouillon ; - Lettres de milord comte de *** à milord ***, au sujet des récréation. : de M. de Gstri-s ou de la danse des ours ; Anecdote singulière d’un cocher qui s’est pendu à l’Hôtel de Bouillon à l’occasion de la danse de l’ours, Bouillon, 1783, in-8° ; 2° le Diable dans un bénitier et la Métamorphose du gazetier cuirassé (Morande) en mouche (voy. Monmnz), ou Tentative du sieur Receveur, inspecteur de la police de Paris, pour établir à Londres une police à l’instar de celle de Paris, etc., revu, corrigé et augmenté par ill. l’abbt=Aubert et P. Leroux, Paris, de l’imprimerie royale, sans date (vers 1781), in-8° ; nouvelle édition, Londres, 178&, in-12 ; 3° les Bohémiens, Paris, 1790, 2 vol. in-12[1]. Il est aisé de voir que ces pamphlets, dirigés en grande partie contre les noms de l’ancienne noblesse, furent un des moyens employés pour préparer la révolution. Nous ne pensons pas cependant que le marquis de Pellepore s’en soit montré partisan ; comme beaucoup d’autres, il ne voyait pas la portée de ses attaques.

Z.


PELLEPORT (Pierre, vicomte de), général de division, et l’un des militaires qui furent, ainsi que l’a dit un poëte contemporain :

Les Achilles d’une Iliade
Qu’Homère n’inventerait pas,

naquit à Montrejeau, au pied des Pyrénées, le 26 octobre 1773 ; son père, petit bourgeois de cette petite ville, avait huit enfants ; le jeune Pierre étudia au collége de Tarbes. Sa famille le destinait à l’état ecclésiastique, lorsque la révolution vint bouleverser son avenir ; il fut appelé sous les drapeaux avec quatre de ses frères ; un cinquième entra dans la marine et mourut en 1827 capitaine de vaisseau. incorporé dans un bataillon provisoire de la levée en masse, Pierre fut bientgl placé dans le 8’ bataillon de la Haute-Garonne, et presque aussitôt il fut nommé sous lieutenant. Il fit les campagnes de 1793, 1791 et 1795 à l’armée des Pyrénées-Orientales ; il assista aux combats de Belver, de Seu d’Urgel, du Boulou, à la reprise de St-Elme, de Port-Vendres, de Collioure. La paix avec l’Espagne, conclue en 1795, ayant rendu disponibles les troupes rmi se battaient dans le Roussillon, le 8’ balai lon t envoyé à l’armée d’Italie, et après la bataille de Loano, il entra dans la formation de la 18’ demi brigade. Vers le commencement de l’année 1796, le jeune général’Bonaparte vint prendre le commandement de l’armée ; la 18’ se trouva à presque tous les combats qui, depuis Montenotte jusqu’à Rivoli, jetèrent tant d’éc at sur les armes françaises ; elle fut mise pour sa belle conduite à l’ordre du jour de l’armée. Pelleport fut successivement nommé lieutenant et adjudant-major. Le corps auquel il appartenait (prit part à l’expédition d’l-Égypte ; à la bataille es Pyramides, il formait un des carrés contre lesquels vint se briser la fureur des mamelukes ; au siège de St-Jean d’Acre, il livra plusieurs assauts désespérés que la victoire, cette fois, ne couronna point. Lorsque l’armée eut passé sous le commandement de Kleber, Pelleport se trouva à la bataille d’Héliopolis ; à Canope, il devint prisonnier des Anglais. Bientôt échangé, il revint en France, et il fut promu au grade de major dans le 18’ régiment, orsque ce nom succéda à celui de demi-brigade. La Légion d’honneur fut instituée, et déjà vieux par ses services, Pelleport fut un des premiers sur la poitrine desquels le premier consul plaça l’étoile des braves. C’était justice. Vint alors Pépoque des grandes guerres continentales ; le 18’ fit la campagne de 1805 dans le corps du maréchal Soult : il assista à la capitulation d’Ulm, à la bataille d’Austerlitz ; l’année suivante il se trouva à la bataille d’léna, ù l’enlèvement de vive force, et après un combat sanglant, de la

  1. M. Paul Lacroix a inséré dans le Bulletin du bibliophile du libraire Techener t’18f›l, p. 408) une note curieuse au sujet de ce roman devenu rare, et qui offre une peinture singulièrement vive de la mauvaise société de l’époque.