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ville de Lubeck. À la terrible journée d’Eylau, Pelleport, qui avait été créé chef de bataillon, reçut trente coups de sabre et cinq coups de baronnette en repoussant les charges réitérées des Russes ; il n’échappa à la mort que par *une sorte de miracle ; trois mois après, le bras en écharpe, et ses plaies à peine cicatrisées, il rejoignait son régiment et il montrait à la bataille e Friedland son courage habituel. Après un court instant, la guerre avec l’Autriche se ralluma en 1807. Toujours sûr de se montrer à l’endroit où le feu était le plus vif, Pelleport se distingue au combat d’Eckmühl, à la meurtrière affaire d’Ebersberg, à la bataille d’Essling, qui dura deux jours entiers et après laquelle il fut nommé colonel du 18°, corps dont il faisait partie depuis quatorze années, et les années d’alors étaient bien remplies. Il combattit à Wagram et à Znaïm. La paix fut signée, et Pelleport, nommé baron de l’empire, fut envoyé dans la Hollande, où l’on redoutait une attaque de la part des Anglais. Il exerça quelque temps les fonctions de gouverneur de Rotterdam, et il ne tarda point a être derechef appelé dans les contrées où son sang avait coulé en 1807. La campagne de Russie était résolue. Le 18e entra dans le corps du maréchal Ney, et prit part à tous les combats qui menèrent l’armée rançaise du Niémen à Moscou. À la prise de Smolensk, à la bataille de la loskowa, la plus sanglante peut-être qui s’offre dans l’histoire des grandes guerres, Pelleport montra cette valeur froide et tenace, ce coup d’œil résolu qui le caractérisaient. Lors de cette retraite désastreuse qui offre un des plus lamentables épisodes de nos annales, il lutta avec la même fermeté contre la rigueur du climat que contre l’ennemi. Il se fit remarquer à l’affaire de Krasnoë, lorsque l’arrière-garde s’ouvrit un passage à travers les masses moscovites ; il se distingua au passage de la Bérésina, mais lorsqu’il arriva sur le territoire prussien, son régiment n’existait plus. Nommé général de brigade, il prit part à la campagne de 1813, où l’armée française eut a lutter contre une coalition formidable. Il assista aux batailles de Lutzen et de Bautzen, aux deux journées de Dresde ; il reçut à Leipsick une nouvelle blessure. Les aigles impériales avaient été forcées de repasser le Rhin ; les alliés envahirent le sol national ; Pelleport commande la première brigade du sixième corps (aux ordres du duc de Raguse) dans cette campagne de 1814 qui forme un des titres les plus glorieux de Napoléon. Toujours aux prises avec l’ennemi, il se battit à la Rothière, a Rosnay (où sa conduite lui valut l’honneur d’être mis à l’ordre du jour de l’armée), à Champaubert, à Montmirail, à Meaux, où il fut derechef atteint par un projectile, ce qui ne l’empêcha pas, quelques jours après, de lutter en héros pour disputer aux Russes les approches des barrières de la capitale ; une balle lui traversa la poitrine au moment où, pour la dixième fois, il menait une poignée de braves contre d’épaisses colonnes ennemies ; mais décidément la mort ne voulait pas de lui, et, contre toute attente, il guérit. Sous la restauration, il fut envoyé dans le Midi comme inspecteur général, et il remplissait ces fonctions lorsque Napoléon, quittant l’île d’Elbe, vint débarquer en Provence et commencer cette marche rapide qui en vingt jours le fit entrer à Paris. Pelleport crut devoir rester fidèle aux derniers serments qu’il avait prêtés ; il se tint dans la retraite pendant les cent-jours. Après le désastre de Waterloo, nommé gouverneur de Narbonne, il maintint l’ordre dans cette ville, chose peu facile au milieu d’un foyer ardent où les passions politiques étaient en pleine effervescence. En 1822, il fut nommé inspecteur général d’infanterie et reçut le titre de vicomte. Le Dauphin avait apprécié ses qualités, et lorsque la guerre d’Espagne fut résolue au commencement de 1823, Pelleport fut un des généraux qui reçurent le commandement d’une division. Il montra son activité et sa fermeté ordinaires dans cette campagne, qui ne fut pas exempte de difficultés. Il coopéra à l’occupation de Saragosse et de Valence ; il prit part à la journée de Campillo de Arenas. où Ballesteros fut défait ; il gouverne ensuite la ville de Grenade. Rentré en France, il fit partie du conseil supérieur de la guerre, et il commanda au camp de St-Omer ; Charles X songea un moment à lui confier le portefeuille de ministre. Proposé pour commander une division de l’armée qui devait attaquer Alger, il dut refuser à cause de l’état de sa santé. La révolution de 1830 survint : elle froissa d’abord ses sympathies. Retiré à Bordeaux, il fut nommé, malgré lui, commandant supérieur de la garde nationale de cette ville, et il rendit de vrais services dans des moments difficiles. Rétabli en 1836 au cadre d’activité, il fut mis à la tète du camp de St-Omer, et devint successivement commandant de la 21e et de la 11e division militaire. À la fin de l’année 1841, il fut nommé pair de France. Ses dernières années s’écoulèrent à Bordeaux, cité où il avait fixé son séjour, et dont il refusa d’ètre maire ; mais toujours animé du désir d’être utile, il fit longtemps partie de la commission administrative des hospices, et il y montra le zèle le plus éclairé. La mort qu’il avait si souvent bravée sur les champs de bataille le frappa le 15 décembre 1856. Ses obsèques eurent lieu au milieu d’une foule nombreuse qui donnait les témoignages unanimes du respect le plus profond. Le nom de Pelleport est gravé sur l’arc de triomphe de l’Étoile. Les belles qualités de cet intrépide guerrier, sa modestie, sa simplicité, sa sagesse distinguent ses Mémoires posthumes, publiés en 1857 par son fils sous le litre de Souvenirs militaire : et intimes du général vicomte de Pelleport, de 1793 à 1853, 2 vol. in-8°.

Ba-t.


PELLEPART (Pierre), jésuite, né en 1606 à Bordeaux, fut admis dans la société à l’âge de