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1793 (insérée d’abord dans le Mercure de cette ville) ; 2o traduction russe de quelques livres des Saisons de Thompson, 1806 ; 3o Fables ; 4o Épîtres poétiques. Parmi celles-ci, il faut noter ses Adieux à la jeunesse. Ses œuvres complètes parurent à St-Petersbourg en 2 volumes en 1836. R-l-n.

POUSSIELGUE (Jean-Baptiste), né à Paris le 21 mars 1764, occupa dans les premières années de la révolution différentes places de finances, entre autres celle de commissaire des revenus nationaux en 1794, et devint en 1795 secrétaire du ministre Faypoult, qu’il suivit dans sa mission de Gênes (voy. Faypoult). Revenu à Paris et s’y trouvant au moment où Bonaparte projetait son expédition d’Égypte, il reçut de ce général la mission secrète d’aller à Malte pour y préparer la reddition de cette place importante, ce dont il s’acquitta fort habilement, secondé comme il le fut par le commandeur de l’ordre, Dolomieu, par plusieurs chevaliers qui avaient adopté les principes de la révolution (voy. Bosredon), et surtout par l’ineptie du grand maître (voy. Hompesch). Poussielgue conduisit si bien cette affaire que, lorsque la flotte française se présenta devant l’île, ce boulevard de la Méditerranée se rendit à la première sommation. Devenu l’un des commissaires chargés de dresser la capitulation, on doit penser qu’elle fut bientôt arrangée. Poussielgue suivit Bonaparte en Égypte, fut investi de l’administration de l’armée et y déploya beaucoup d’habileté. Mais quand le général en chef conçut la pensée de revenir en France, après sa malheureuse expédition de Syrie, ne voulant emmener avec lui qu’un petit nombre d’amis dévoués (voy. Napoléon), il ne mit dans sa confidence ni Poussielgue, ni son lieutenant Kléber, à qui il laissa le commandement (voy. Kléber). Ainsi, resté en Égypte avec ce général et portant tout le poids d’une administration devenue extrêmement difficile par le dénûment où se trouvait l’armée, il ne perdit point courage et redoubla d’efforts, de concert avec Kléber, également plein de zèle et de dévouement, mais comme lui fort mécontent du départ de Bonaparte et de l’abandon où il avait laissé ses troupes. Tous deux, parfaitement d’accord et pressentant les conséquences de cet abandon, écrivirent en France pour demander des secours et se plaignirent amèrement de la conduite du général en chef. Mais, par une fatalité qu’ils ne pouvaient prévoir, leurs dépêches, adressées au directoire, n’arrivèrent qu’après la journée du 18 brumaire et furent ouvertes par Napoléon, devenu premier consul. Il en tomba même un duplicata dans les mains des Anglais, qui se hâtèrent de les publier. On les réimprima clandestinement à Paris, et le public fut ainsi informé de tout. Lorsqu’il revint dans sa patrie, après la capitulation dont il avait lui-même négocié les bases avec les Anglais, il fut très-mal accueilli par le premier consul, et, bien que réputé l’un des administrateurs militaires les plus éclairés de cette époque, il n’obtint aucun emploi. Ce fut beaucoup plus tard que sa femme, s’étant trouvée en présence de l’empereur dans une de ces fêtes de l’hôtel de ville, où il se plaisait à interroger toutes les dames, lui répondit par des larmes et une prière in laquelle il ne put résister. Poussielgue reçut quelques jours après sa nomination à un modique emploi dans le cadastre, et il en a vécu longtemps ; car il n’était pas sorti opulent de ses hautes fonctions, ce qui prouve au moins pour sa probité. Poussielgue est mort à Pise en juin 1845. Il a publié : 1o De la contribution en nature, Paris, 1801, in-8o ; 2o Des finances de la France en 1817, des répartitions, de la contribution foncière et des cadastres, Paris, 1817, in-8o. — Poussielgue, chirurgien en chef de l’armée du Rhin, puis de celle de Sambre-et-Meuse, a publié : Précis sur la maladie et la mort du général Hoche, Wetlzar, le 1er vendémiaire an 8 (1799), in-4o. M-d j.

POUSSIN (Nicolas) naquit aux Andelys le 15 juin 1594[1]. Il était originaire de Soissons et le fils de Jean Poussin, qui servit sous Charles IX, Henri III et Henri IV. Il montra de bonne heure un goût prononcé pour le dessin, et durant les leçons de latin qu’on lui avait d’abord fait donner il ne cessait de tracer des figures sur les marges de ses livres ou sur les murs de la classe. Quentin Varin, peintre de Beauvais, eut le mérite de reconnaître et de développer les dispositions du Poussin, en l’encourageant et lui donnant des soins. Le jeune élève apprit de lui, entre autres procédés, à peindre en détrempe avec d’autant plus de facilité, qu’une conception vive, jointe à un sentiment juste des rapports, le portait à exprimer rapidement et avec un certain goût ce qu’il voyait et imaginait. La sphère de ses idées s’étendant, une imitation mécanique et servile ne pouvait lui suffire : il se rendit à dix-huit ans dans la capitale, à l’insu de son père. Recommandé par son seul talent, il trouva dans un jeune gentilhomme de Poitiers un amateur de peinture, qui l’accueillit et lui procura les moyens de s’instruire. Mais, dans la disette des peintres d’histoire, l’art, qui avait été importé d’Italie, dégénérait presque en naissant. Ni Jean Cousin ni Freminet n’avaient formé d’écoles. De l’atelier de Ferdinand Elle, de Malines, peintre de portraits, Poussin eut bientôt passé dans celui de Lallemand, peintre lorrain. Il n’y resta pas longtemps. Il fit, par le gentilhomme poitevin, une connaissance très-utile, celle d’un mathématicien du roi aux galeries du Louvre, possesseur d’une belle collection de gravures d’après Raphaël et Jules Romain, et même de dessins originaux de ces deux maîtres. La pureté de correction du premier et la fierté de dessin du second devinrent l’objet des études du Pous-


  1. Les actes de juin 1594 manquent dans les registres civils de la ville des Andelys.