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qu’il annonçait en sa possession ; deux autres volumes devaient suivre celui-ci ; mais la fraude fut prompement découverte : Malone la démontra dans un écrit imprimé en 1796. Il y eut à cette occasion une guerre assez vive de brochures. Ireland fit jouer une tragédie de Vortsigern, qu’il attribuait à Shakspeare ; mais elle tomba complétement, quoiqu’une actrice célèbre (madame Jordan) eût accepté le principal rôle. Enfin, en 1805, lorsque la chose était déjà plongée dans l’oubli, Ireland, tenant sans doute à ce que l’on s’occupât encore de lui, publia une confession dans laquelle il avoua la fraude qu’il avait commise. — Des recueils de gravures ont été publiés à part pour illustrer Shakspeare. Le Shakspeare Portfolio, par exemple, est un recueil de 96 planches, gravées à la manière noire, d’après des artistes éminents (Smirk, Stothard, Westall, etc.) ; il a paru de 1821 à 1829. Le Costume dramatique des pièces de Shakspeare forme cinq livraisons, mises au jour de 1823 à 1826, et se compose de 64 planches coloriées, d’après Scharf, avec un texte biographique et critique, par Planche ; il ne concerne d’ailleurs que six pièces, dont les sujets sont empruntés à l’histoire. Les illustrations au trait de Retzsch relatives à quelques-unes des pièces ont un mérite bien connu. Les biographies de Shakspeare, les dissertations relatives à quelques traits de sa vie, à ses ouvrages, à ce qui le concerne de près ou de loin, formeraient à elles seules une bibliothèque considérable ; on en trouvera une énumération fort étendue, ainsi que des diverses éditions complètes ou partielles, dans la seconde édition du Bibliographer’s Manual de Lowndes : l’article Shakspeare n’y comprend pas moins de 114 pages de deux colonnes chacun.


SHARP (Jacques), né en 1618, dans le comté de Banff, fut d’abord presbytérien très-ardent, et député auprès de Cromwell, pour réclamer sur quelques différends qui s’étaient élevés entre les presbytériens d’Écosse. Il s’acquitta de cette mission à la satisfaction de sa secte, qui, à l’époque de la restauration, l’envoya auprès de Charles II, à Bréda. Entrainé par l’exemple de ses amis, et peut-être par des motifs d’ambition, Sharp se réunit alors à l’Église d’Angleterre, et il accepta l’archevêché de St-André. Ce changement excita contre lui une haine implacable de la part de ceux dont il avait été l’agent. Un prédicant, nommé J. Mitchel, tenta en vain de l’assassiner, en 1668 ; et, dix ans plus tard, neuf brigands ayant attaqué sa voiture sur le grand chemin, le mirent en pièces. — Sharp (Jean), l’un des meilleurs prédicateurs de l’Angleterre, naquit à Bradford, en 1644, et mourut à Bath, en 1714. Ses prédications contre les catholiques le firent interdire. en 1686. Réintégré après la révolution de 1688 (voy. Compton), il fut nommé doyen de Canterbury, puis archevêque d’York. Ses Sermons, imprimés plusieurs fois, ont été réunis en 1740, 7 vol. in-8°. — Sanaa (Grégoire), chapelain ordinaire du roi, né en 1713 et mort en 1771, fut membre de la société royale, de celle des antiquaires, et très-versé dans la connaissance des langues anciennes et orientales. Il publia, entre autres écrits, Syntagma dissertationum quas olim auctor doctissimus Thomas Hyde separatim edidit, 1767, 2 vol. in-4°, accompagné de plusieurs gravures à l’eau forte, par l’auteur lui-même, qui excellait dans cet art.

Z.


SHARP (Abraham), mathématicien anglais, naquit à Little-Horton, près Bradford, dans le Yorkshire, en 1651. Après avoir reçu une bonne éducation, il entra dans le commerce à Manchester, comme simple apprenti ; mais bientôt, entraîné par son goût pour la science du calcul, il quitta la carrière du négoce pour se vouer à l’enseignement ; et, retiré à Liverpool, il y ouvrit une école, où il enseigne avec succès l’écriture et l’arithmétique. Un voyage qu’il fit à Londres lui procura des liaisons avec Flamsteed, qui, frappé de son mérite, le plaça d’abord dans l’arsenal de Chatam, à des conditions avantageuses, et le prit ensuite pour son assistant à l’observatoire royal. Dans ce nouveau poste, Sharp se livra avec ardeur à l’observation, et contribua beaucoup à faciliter à Flamsteed la construction de son fameux catalogue de trois mille étoiles, qui renfermait, outre la longitude des fixes, leurs ascensions droites et leurs déclinaisons, ainsi que les variations de ces deux éléments pour un degré de changement dans les longitudes. Ce grand travail dérangea sa santé, et l’obligea de se retirer dans son pays natal, à Horton ; mais, pour n’y pas demeurer oisif, il se construisit lui-même un observatoire, ainsi qu’une machine fort ingénieuse pour tourner le bois et le cuivre sous des formes variées, utile aux ébénistes, aux horlogers, aux opticiens et aux ingénieurs en instruments de précision. Il ne dut non plus qu’à son propre travail et ses télescopes et les divers instruments de son observatoire. Plus tard, en 1689, Flamsteed ayant à faire terminer le grand mural qu’il voulait placer à Greenwich, rappela Sharp auprès de lui, et le garda quelque temps comme secrétaire. Ce dernier divisa l’instrument ; et Smeaton rapporte, dans les Transactions philosophiques pour 1786, que ce fut alors qu’on vit pour la première fois un aussi grand instrument divisé avec toute l’exactitude que comportait l’état des arts contemporains. Ce ne fut pas le seul service que rendit alors Sharp à son illustre ami. Flamsteed le chargea de dresser un grand nombre des Tables qui remplissent le second volume de l’Histoire céleste (3 vol. in-fol.), et en obtint aussi les beaux dessins de son Atlas céleste : mais ces grandes cartes des constellations, quoique parfaitement gravées à Amsterdam, demeurèrent inférieures