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qu’il s’était efforcé d’amener. Il mourut le 10 février 1856, à bord du navire qui le ramenait en Angleterre. Il venait depuis fort peu de temps d’être nommé chevalier commandeur de l’ordre du Bain. Parmi ses ouvrages, on distingue les Courses et souvenirs d’un officier de l’armée des Indes, 1843 (le livre qui fait le mieux connaître la situation morale et les usages des Hindous), et le Journal d’un séjour dans l’Oude (1852) ; un Traité d’économie politique ; un Examen et analyse des doctrines de Ricardo sur l’économie politique.

Z.


SLEIDAN (Jean Philipson), célèbre historien, naquit en 1606 à Schleide, petite ville de l’électorat de Cologne, sur les confins du duché de Juliers. Après avoir fait ses premières études au gymnase de sa ville natale, il alla les continuer à Liége, puis à Cologne, où il se perfectionna dans les langues et la littérature anciennes. Jean Sturmius, son compatriote et son ami, l’ayant trouvé malade à Cologne, lui persuada de l’accompagner à Louvain, où il se rendait pour achever ses cours, et lui procura, peu de temps après, l’éducation d’un fils du comte de Manderscheide, seigneur de Schleide. Le désir d’acquérir de nouvelles connaissances décida Sleidan à faire le voyage de Paris. Il y vécut quelque temps dans la société des savants, et ensuite alla faire son cours de droit à Orléans. Après avoir pris ses degrés, il revint à Paris ; mais ne pouvant se décider à suivre la carrière du barreau, il accepta l’offre que lui fit son ami Sturmius, de le placer chez le cardinal Jean du Bellay (voy. ce nom). Il accompagna son patron à la diète d’Haguenau, et fut employé depuis dans diverses affaires importantes. Sleidan professait en secret les principes des réformateurs de l’Allemagne. La rigueur des édits rendus par François Ier contre les partisans de Luther, obligea de sortir de France, en 1542. Il rejoignit à Strasbourg son ami Sturmius, dont il avait déjà tant de fois éprouvé l’attachement, et qui vint encore à son aide dans cette circonstance. Chargé d’abord de quelques négociations, tant en France qu’en Angleterre, où il se maria, Sleidan obtint ensuite, avec un traitement honorable, le titre d’historien de la ligue de Smalkalde. La perte de la bataille de Muhlberg (voy. Saxe) ayant dissipé cette ligue, Sleidan se serait encore trouvé sans ressources si Sturmius ne lui eût fait accorder une pension par les magistrats de Strasbourg. Il fut député de cette ville, en 1551, au concile de Trente, et, l’année suivante, il régla les articles de la convention que la ville de Strasbourg fit avec Henri II pour la nourriture de son armée. Dans ses loisirs, Sleidan travaillait à l’Histoire contemporaine. Il venait de mettre la dernière main à cet ouvrage important lorsqu’il eut le chagrin de perdre sa femme qu’il aimait tendrement. Depuis ce temps, il ne fit que languir, et mourut à Strasbourg le 31 octobre 1556, à l’âge de 50 ans. Outre un abrégé de la Chronique de Froissart, en latin ; des traductions latines des Mémoires de Comines et de la Grande monarchie de France de Cl. de Seissel, avec un sommaire de la doctrine de Platon, tirée de ses Traités de la république et des lois ; et enfin deux harangues et quelques opuscules, dont on trouvera les titres dans les Mémoires du P. Niceron, t. 39, on a de Sleidan : 1° De statu religionis et reipublicæ, Carole Quinto Cæsare, commentarii, Strasbourg, Wendel. Ríhel, 1555, in-fol. de 469 feuillets chiffrés et 4 feuillets préliminaires, première et très-rare édition. Elle ne contient que vingt-cinq livres, qui comprennent les événements depuis l’origine de la réforme de Luther, en 1517, jusqu’au mois de février 1555. Le succès de cet ouvrage fut si grand qu’on le réimprima deux fois dans la même année, in-8° (voy. Vogt, Catal. libror. rarior.) et in-fol. (voy. Freytag, Apparat. litterat., t. 2, p. 243). Les Rihel en donnèrent une nouvelle édition en 1556, in-8°, tirée sans doute à plus grand nombre que les précédentes, ce qui n’empêcha pas les contrefaçons de se multiplier à Bâle, Anvers, etc. Les éditions postérieures à 1556 [1] sont augmentées de l’apologie de Sleidan et d’un vingt-sixième livre, qui finit à la mort de l’auteur ; mais on en a retranché divers passages que l’on trouvait encore trop favorables aux catholiques. La meilleure de toutes est celle qu’on doit à Jean-Gottl. Bœhm, avec les notes et les additions de Christian-Charles Am-Ende, Francfort, 1785-1786, 3 vol. in-8°. L’éditeur annonçait un quatrième volume, qui devait contenir l’histoire circonstanciée de l’ouvrage, avec la vie de l’auteur, son apologie et un grand nombre de ses lettres. Ce volume n’a point paru. À peine publiée, l’histoire de Sleidan fut traduite en allemand, en français et en italien, etc. ; toutes les anciennes traductions ont été surpassées par celle qu’a donnée le Courayer sous ce titre : Histoire de la réformation, traduite du latin de J. Sleidan, avec des notes, la Haye, 1767-1769, 3 vol. in-4°. Le travail de le Courayer a servi de base à la nouvelle traduction allemande de Stroth, publiée lpar lsaac-Salem. Semler, Halle, 1771-1773, 3 vo. in-8°. L’histoire de Sleidan a toujours été fort estimée chez les protestants ; c’est, avec celle de Seckendorf (voy. ce nom), les deux sources où puisent le plus souvent les écrivains de cette communion qui veulent tracer l’origine et les progrès de la réformation en Allemagne. Elle est écrite avec élégance et contient une foule de détails curieux et de faits intéressants, qu’il dit avoir tirés des actes publics conservés dans les archives de la ville de Strasbourg ; mais l’esprit de parti qui l’a dictée devrait suffire pour lui ôter toute confiance. L’Allemagne protestante l’appelle son Tite-Live ; et cette comparaison n’est pas dépourvue de justesse, au moins

  1. Jean-Gottlob Bœhm a publié la Notice des éditions et des traductions de l’histoire de Sleidan dans la Nova acta eruditor. Lipsiens., 1178, p. 818-362.