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quant à la partialité des deux historiens pour leur nation. Charles-Quint appelait, dit-on, Sleidan et Paul Jove ses menteurs, parce que le premier avait dit trop de mal de lui et le second trop de bien. 2° De quatuor summis imperiis, Babylonico, Persieo, Grœco et Romano, libri tres, Strasbourg, 1556, in-8°. Cet ouvrage, quoique moins important que le premier, n’a pas eu moins de succès, et l’on en compte jusqu’à cinquante-cinq éditions ; il a été réimprimé avec des notes de Henr. Meibom, Helmstadt, 1586, in-8° ; avec un commentaire de Guill. Xylander, Hanau, 1586, in-8° [1] ; il l’a été depuis plusieurs fois par les Elzevir dans la collection des Républiques (voy. Sallengre). Plusieurs auteurs l’ont continué successivement. L’édition de Francfort, 1711, in-8°, réunit les suppléments de Gilles Strauch, Conrad-Samuel Schurtzfleisch et Christ. Junker, qui conduisent l’Histoire de l’Empire jusqu’à la fin du 17e siècle. L’ancienne traduction française de Robert le Prévost[2], Genève, 1557, in-8°, est oubliée depuis longtemps ; mais on en a deux autres, l’une par Ant. Teissier, sous ce titre : Abrégé de l’histoire des quatre monarchies du monde, Berlin, 1710, in-12, et l’autre par Hornot : Abrégé chronologique de l’histoire universelle, depuis les premiers empires du monde jusqu’à l’année 1725, Amsterdam et Paris, 1757, in-12 ; 1766, in-8°. On trouve dans la Biblioth. chalcogr. de J.-J. Boissard, t. 2, p. 130, une notice sur Sleidan, avec son portrait gravé par de Bry. Une Commentatio de J. Sleidano a été publiée par Th. Paur, à Breslau, 1842, in-8°.

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SLINGELANDT (Pierre Van), né à Leyde le 20 octobre 1640, fut élève de Gérard Dow. Doué d’une patience que rien ne pouvait rebuter, il chercha à s’approprier la manière de son maître, et y réussit au point que l’on confondait souvent les œuvres du disciple avec celles du professeur. Il reçut tant d’encouragements, qu’il résolut de travailler seul ; mais comme il voulait rendre avec l’exactitude la plus scrupuleuse jusqu’aux moindres détails, il ne peignait qu’avec une extrême lenteur. Il mit trois ans à terminer les portraits de la famille Meerman et un mois à faire un rabat de dentelle. C’est ce qui explique le petit nombre de tableaux connus de ce maître. Parmi les plus piquants on cite : 1° une Jeune fille tenant par la queue une souris, qu’un chat s’efforce de saisir. On pourrait compter tous les poils de chacun de ces deux animaux. 2° Un Matelot ayant sur la tête un bonnet de tricot, dont on distingue toutes les mailles. Cette manie, car c’en est une quand elle est poussée à cet excès, répand dans toutes ses compositions de la roideur et du froid ; et s’il peut être comparé à Gérard Dow pour la finesse et le précieux du pinceau et pour la bonté de la couleur, il est bien éloigné de son maître pour le mouvement et la chaleur de la composition. Ses figures sont dessinées sans grâce ; mais aucun artiste ne l’a surpassé pour le fini ; et cette seule qualité, qui de son vivant lui avait donné la vogue, est encore celle qui, jointe à la rareté de ses tableaux. les fait rechercher aujourd’hui. Son caractère tranquille et sédentaire était parfaitement en harmonie avec sa manière de peindre ; mais sa lenteur dans l’exécution ne lui permit pas de s’enrichir, quoique ses tableaux lui fussent chèrement payés. Le musée du Louvre en possède trois : 1° une Dame assise entre ses deux enfants, dont l’un tient un nid d’oiseau, prête l’oreille à son perroquet, perché sur son bâton, tandis que son mari remet une lettre à un jeune nègre. Ce tableau est un des plus précieux de ce maître. 2° Portrait d’homme, dans un cadre ovale ; 3° de la Vaisselle, un Coffre, un Tonneau et divers autres Objets de nature morte, tableau de petite dimension. Le même établissement a possédé un autre tableau de ce maître, représentant une Femme à la porte d’un cordonnier, faisant à ce dernier des reproches auxquels il paraît attentif. Ce tableau a été vendu en 1815. Slingelandt mourut le 7 novembre 1691. P-s.


SLINGELANDT (Simon Van), fils d’un magistrat du plus grand mérite et l’ami intime de Jean de Witt, ajouta encore à l’illustration de son nom par les services qu’il rendit à son pays, et, après s’être acquis les respects des cabinets de Vienne, de Londres et de Versailles, fut successivement secrétaire du conseil d’État, trésorier général des Provinces-Unies, grand pensionnaire de Hollande, et mourut en 1736, ayant survécu un grand nombre d’années au stathoudérat de Guillaume III. Il n’inclina point à rétablir cette haute dignité, et vit néanmoins que sans un chef puissant l’union belgique manquait d’un des principaux ressorts ; mais il ne put jamais découvrir un équivalent au stathoudérat pour la cimenter, donner de l’énergie à l’exécution, réconcilier les forces et les intérêts divisés. Aucun grand pensionnaire de Hollande n’eut de plus grands talents, plus de dignité dans le caractère et dans la conduite, plus de connaissance de la constitution et des intérêts de son pays[3]. Il fit de plus grandes choses dans le silence du cabinet que ceux qui se sont signalés dans le tumulte de la discorde intérieure ou dans les querelles extérieures. On a imprimé en hollandais, à Amsterdam, en 1787, trois volumes de ses écrits politiques, qui contiennent différents discours sur l’ancien gouvernement de Hollande, sur les fi-

  1. Cette édition, que l’on doit à Elie Putschius, renferme quelques autres opuscules de Sleidan : la traduction de Seissel, le sommaire de Platon et les deux harangues dont on a parlé.
  2. Ce traducteur, sur lequel nos anciens bibliothécaires ne donnent aucun renseignement, a traduit aussi le grand ouvrage de Sleidan.
  3. D’Acunba, ministre de Portugal, qui, à l’âge de quatre-vingt-dix ans, était encore à la Haye l’oracle du corps diplomatique, disait, à l’occasion du décès de Slingelandt : « La république a perdu sa tête ; elle se soutiendra peut-être tant que Fagel vivra ; mais lui mort ou hors de crédit, ce ne sera plus que trouble et confusion. »