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quelles il consacrait une partie de son temps, il se plaisait surtout à faire passer les résultats de l’observation ou de la science dans le domaine de la vie usuelle, à imaginer des améliorations positives. Les murailles de son jardin à Stone étaient construites, non-seulement d’après un plan économique, mais encore de manière à concentrer plus fortement, et à retenir plus longtemps que d’autres la chaleur du soleil. Son pavillon de bains, son pressoir, étaient chauffés par un mode particulier a l’aide de cylindres de fer. Une méthode aussi ingénieuse que nouvelle maintenait sa maison à une température très-douce, et distribuait à volonté de l’air chaud dans toutes ses parties. En 1795, il publia un traité sur les dangers de la circulation du papier-monnaie. A la fin de cet opuscule étaient indiquées plusieurs idées nouvelles qu’il signalait à l’attention publique, et qui étaient de nature à introduire d’heureux changements dans l’industrie et les manufactures. Une de ces idées consistait à enfermer dans des barils de fer l’eau destinée aux voyages des navigateurs. L’avis de Bill ne fut pas dédaigné : on l’exécuta bientôt ; mais il n’en retira ni gloire ni profit. Son livre, qui, du reste, ne portait pas de signature, avait été distribué à ses amis ; et Bill d’ailleurs avait au plus haut degré ce genre d’esprit qui caractérise les inventeurs, et qui consiste à ne s’occuper de la découverte que tant qu’elle n’était pas terminée, puis à la laisser là dès qu’elle est faite, à ne pas en faire mystère, à ne pas l’exploiter ; en un mot, à dépenser beaucoup d’argent en expériences, en essais, pour abandonner à qui le voudra les profits de la découverte. Lorsque les préjugés du public contre l’éclairage par le gaz hydrogène commencèrent à perdre de leur force, Bill fut un des promoteurs les plus ardents de ce mode d’éclairage : il engagea de fortes sommes dans l’établissement qui se forma pour la production et la distribution du gaz : il prodigua ses conseils, donna des plans, dirigea des expériences dans le dessein de faciliter et d’assurer les opérations. Mais dès que les appareils furent organisés et fonctionnèrent d’une manière satisfaisante, il se retira de la compagnie à l’occasion de quelques légers désagréments. Cependant, en 1820, les conseils de ses amis le décidèrent à changer ses habitudes, et il prit une patente pour faire des mats en fer à l’usage de la navigation. Le gouvernement, appréciant les procédés ingénieux a l’aide desquels, dans la combinaison de ses matériaux, il unissait la légèreté à la force, lui commanda deux grands mâts et deux beauprès pour frégates. Malheureusement, a l’essai, on jugea la force des quatre mâts insuffisante. Bill l’avait prévu ; et il attribua ce mauvais résultat à l’usage que le gouvernement s’était obstiné à faire de câbles et de cordages élastiques, tandis qu’il avait recommandé des ressorts en fer. Peut-être aussi cet échec doit-il en partie être attribué à l’imperfection avec laquelle procèdent toujours, dans un premier essai, ceux qui confectionnent les pièces, ou ceux qui les mettent en œuvre. Quoi qu’il en soit, on ne peut douter que l’idée de Bill ne soit destinée à opérer un grand changement dans la constriction des vaisseaux. Mais la découverte qui doit le mieux recommander son nom à la postérité, c’est celle d’un procédé pour donner aux planches du bois le plus commun, le hêtre, le frêne, Forme, le peuplier, etc., toute la solidité des bois les plus durs et les plus forts, et cela au meilleur marché possible. Ses échantillons de merrain —ainsi préparés furent huit ans de suite soumis par le gouvernement aux épreuves les plus sévères, sans qu’ils fussent aucunement altérés ; tandis que tous les autres bois, ou naturels ou modifiés par Part, placés dans les mêmes circonstances, étaient complètement détruits. L’administration de la marine demeura tellement convaincue de l’excellence de la méthode de Bill, qu’elle lui permit de construire un vaisseau avec ses merrains, dans les chantiers de Deptfort. Bill n’eut j pas le plaisir de mettre cette œuvre à exécution, car il mourut le 25 septembre 1821, à Birmingham, par suite d’une angine. Parmi ses autres inventions plus ou moins ingénieuses, nous ne pouvons passer sous silence ni son nouveau moyen pour mesurer exactement le chemin fait sur mer, ni ses ressorts élastiques pour faire garder indéfiniment l’accord aux pianos. Il avait beaucoup de goût pour la musique ainsi, que pour la peinture, la poésie, et même la méta- c physique. Il avait un laboratoire fort beau, et sa

bibliothèque était remarquable par l’excellent choix des livres.

Val. P.


BILLARD (Claude), seigneur de Courgenay, né à Sauvigny, petite ville de la province de Bourbonnais, vers 1550, fut élevé dans la maison de la duchesse de Retz. Il prit d’abord le parti des armes, et, si on l’en croit lui-même, il se distingua dans plusieurs affaires ; il obtint ensuite la place de conseiller et celle de secrétaire des commandements de la reine Marguerite de Valois. Il a composé plusieurs tragédies, qui n’ont eu aucun succès, et qui n’en méritaient point. Il dédiait ses pièces aux seigneurs et aux dames de la com· les plus illustres ; mais il n’eut pas à se louer de leur générosité. La retraite de la reine Marguerite lui fit perdre sa place, et son attachement pour cette princesse fut cause qu’il resta sans emploi. Il mourut en 1618, âgé d’environ 67 ans. On a de cet auteur les tragédies suivantes : Polyxèse, Gaston de Foix, Mérovée, Promthée, Saül, Albania et Genèvre ; elles ont été recueillies et imprimées à Paris, Huby, 1610, in-8° ; Henri le Grand, tragédie avec des chœurs, Paris,1 61 2, in-8°, réimprim. en 1808, in-8°, à l’occasion de la tragédie de Legouvé sur le même sujet. Billard est un des premiers poëtes qui mirent sur la scène des événements pris dans l’histoire nationale. Il dédia cette dernière pièce à Marie de Médicis ; mais cette dédicace fut inutile à sa fortune. Il a composé aussi : l’Église triomphante, poëme héroïque en 15 chants, Lyon, Morillon, 1618, in-8°. L’auteur ne rougit pas d’appeler cet ouvrage un chef-d’œuvre de poésie ; il ne faut que le parcourir pour juger qu’il y en a peu d’aussi médiocres. C’est un tissu d’aventures romanesques, et écrites d’un style

lâche et rampant. On lui attribue encore : Carmina græca et latina in obitum ducis Joyosiœ (le duc de Joyeuse), Paris, 1587, in-8°.

W-s.