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des poëtes les plus féconds du 16e siècle. Les détails de sa vie ont échappé à tous les historiens de la littérature italienne. Ginguené, qui a mis un soin minutieux à exhumer une foule de vieux poëtes oubliés, cite les écrits de Teluccini sans donner aucun renseignement sur l’auteur. Nous nous bornerons donc à parler de ses ouvrages. 1° Artemidoro, dove si contengono le grandezze degli antipodi, Venise, 1566, in-4°. Le héros de ce roman en vers, qui n’a pas moins de quarante-trois chants, est un prétendu fils de Charlemagne : il est entouré de presque tous les paladins qui figurent dans le Roland furieux ; c’est le seul rapport qui existe entre les deux poèmes. 2° Erasto, Pesaro, 1566, in-4°. Ce poëme, en neuf chants et en octaves, est une imitation de Dolopathos, ou du roman des Sept sages. On sait à combien de conjectures on s’est livré sur l’origine de ce livre. Il ne nous appartient pas d’éclaircir ce point d’érudition. Ceux qui seraient tentés de l’approfondir n’ont qu’à consulter les dissertations de Dacier et Silvestre de Sacy[1], qui ont fait des recherches curieuses sur ce sujet. Dans le poëme de Teluccini, Eraste est un fils de l’empereur Dioclétien, et il court à peu près les aventures auxquelles est exposé Syntipas dans le roman grec. L’auteur paraît avoir profité d’un ouvrage publié sous le titre suivant : Avvenimenti del principe Erasto, venise, Giolito, 1542, in-8°, et ibid., 1558, 1560, in-12. 3° Le pazzie amorose di Rodomonte secondo, Parme, 1568, in-4°, poëme en vingt chants et en octaves, dédié à Alexandre Farnèse (non pas à Octave, comme l’a cru Ginguené), prince de Parme et de Plaisance ; 4° Parigi e Vienna, ridotto in ottava rima, Gènes, 1571, in-4°, et Venise, 1577, in-8°. Il ne faut pas le confondre avec deux autres poëmes publiés sous le même titre, dont l’un est attribué à Charles del Nero, Florentin, et l’autre appartient à Ange Albani, d’Orviète. Le premier est en tercets et le second in ottova rima, comme celui de Teluccini. Le sujet de ces poèmes est puisé dans le roman français de Paris et Vienne, dont il y a aussi une traduction en prose italienne, imprimée à Milan, in-4°.


TEMANZA (Thomas), biographe et architecte, né à Venise en 1705, étudia sous Poleni et Zendrini ; et, en revenant d’un voyage à Rimini, il publia sur les antiquités de cette ville un ouvrage qui lui mérita les suffrages des savants et des artistes. Consulté sur les différents projets présentés pour la toiture du théâtre olympique de Vicence, il proposa ses idées, qui ne furent point adoptées. Ses travaux, mieux appréciés à Rome, lui valurent la protection de Clément XIII, et il fut appelé à faire partie d’une commission chargée de la direction des eaux dans les légations de Bologne, de Ferrare et de Ravenne. Le P. Lecchi (voy. ce nom), dans une relation sur les opérations de ce comité, dont il était aussi membre, rendit un hommage flatteur aux lumières de son collègue. Temanza se trouva peu après engagé dans une querelle très-vive, qui porta quelque atteinte à sa réputation. Il soutenait qu’en 1143 les Padouans avaient fait des saignées, près de Strà, pour détourner les eaux de la Brenta. L’abbé Gennari prouva le contraire, et il lui eût été aisé, ce qu’il ne fit pas, de terrasser son adversaire. Ces disputes n’empêchèrent pas Temanza d’approfondir les principes de son art. En 1780, il publia une dissertation sur les Scamilles de Vitruve. Il travaillait en même temps à éclaircir les antiquités de Venise, et à rassembler des matériaux pour écrire les Mémoires des architectes et des sculpteurs vénitiens. Cet ouvrage, rempli de recherches importantes, obtint les éloges de Tiraboschi, qui le cite souvent dans son Histoire de la littérature italienne. Temanza fut en correspondance avec les hommes les plus distingués de son temps : il était surtout lié avec Algarotti, Mariette et Milizia ; ce dernier lui dut quelques articles insérés dans le Dictionnaire des architectes. Membre de plusieurs corps savants, Temanza fut, dans les dernières années de sa vie, nommé surintendant des eaux à Venise, où il mourut le 14 juin 1789. Ses principaux ouvrages, comme architecte, sont : la Façade de Ste-Marguerite, à Padoue ; une Rotonde, à Piazzola, élevée aux frais de la famille Contarini ; le Pont de Dolo, sur la Brenta ; l’Église de Ste-Marie-Madeleine, où il est enterré. On a de lui : 1° Le antichità di Rimino, libri due, Venise, 1741, petit in-fol., figures ; 2° Vito di Jacopo Sansovino ; ibid., 1752, in-4° ; 3° Vita di Andrea Palladio, Vicentino, ibid., 1763, in-l° ; 4° Vita di Vincenzo Scamozzi, Vicentino, ibid., 1770, in-4° ; 5° Dissertazione sopra l’antichissimo territorio di sant’Ilarío, nella diocesi di Olivolo, ibid., 1771, in-fol., fig. C’est dans cet ouvrage que l’auteur reprocha aux Padouans d’avoir détourné les eaux de la Brenta pour alimenter le Bacchiglíone. Gennari y répondit par une dissertation intitulée Dell’antico corao de’ fiumi in Padova e soi contorni, Padoue, 1777, in-4°, et Temanza répliqua par la lettre suivante : 6° Lettera in difeqa dell’ opinione intorno ai tagli fatti da’ Padovani nella Brenta, l’anno 1143, Venise, 1776, in-4°. 7° Vite de’ più celebri architecte e scultori venezíani che fiorirono nel secolo 16, ibid., 1777, 2 vol. in-4°. Tiraboschi en donna un extrait dans le Journal de Modène, t. 16, p. 96. 8° Degli scamilli impari di Vitruvio, ibid., 1780, in-8° ; 9° Dell’ antica pianta dello città di Venezia, delineata circà la metà del XII secolo, dissertazione topografica storico-critica, ibid., 1781, in-tr4°, fig. Le plan original est déposé à la bibliothèque de St-Marc. 10° Degli archi e delle volte ; e delle fregole generali dell’architectura civilele, ibid., 1811, in-8°, ouvrage posthume ; 11° Lettero sopra l’architetura, dans le Recueil de Calogerà, t. 5, p. 175.

  1. Mëmoires de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, t. 41, et Manuscrits de la bibliothèque du roi, t. 9.