Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 5.djvu/10

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


BON élu abbé après la mort de Winbert ; mais, se croyant appelé à la conversion des infidèles, il obtint qu’un autre fût nommé à sa place ; et, vers l’année 718, il se rendit à Rome, .où GrégoireII lui donna plein pouvoir de prêcher l’Évangile aux peuples de la Germanie. Boniface commença ses fonctions apostoliques dans la Thuringe et dans la Bavière. Charles Martel étant devenu maître de la Frise, par la mort de Badbod, Boniface passa trois ans dans cette contrée, et y convertit un grand nombre d’idolâtres. Il parcourut ensuite la Hesse et la Saxe, baptisant leurs habitants. ct consacrant des églises dans les temples des faux dieux. Grégoire Il l’appela à Rome en 723 ; il le p sacra évêque, lui donna un recueil de canons qui devaient lui servir de règle, et le recommanda, par des lettres particulières, à Cha1·les Martel, aux princes et aux évêques qui pouvaient le servir dans les travaux de son apostolat. Ce fut à cette époque que Boniface cessa de porter le nom de Winfrid. De retour dans la Hesse, il y fonda des églises et des monastères ; il fit venir de la Grande-Bretagne des colonies de prêtres, de moines et de religieuses, dont les noms, pour la plupart, se trouvent inscrits dans les martyrologes et dans les calendriers. Tous ces collaborateurs du saint apôtre furent répartis par lui dans la Thuringe, la Saxe et la Bavière. En 732, Grégoire III envoya le pallium à Boniface, en l’établissant archevêque et primat de toute l’Allemagne, avec plein pouvoir d’ériger des évêchés dans tous les lieux où il les jugerait utiles. En 738, Boniface fit un troisième voyage à Rome. Le pape le nomma légat du saintsiége en Allemagne. Il n’y avait pour toute la Bavière que l’évêché de Passau ; Boniface érigea dans ce duché les sièges de Freisingen et de Batisbonne. Il établit ensuite l’évêché d’Erfort ou Erfurth pour la ’1’huringe ; celui de Barabourg, transféré depuis à Paderbo1·n, pour la Hesse ; celui de Wu rtzbourg, pour la Franconie ; et celui d’Eichstedt, dans le palatinat de Bavière. En 739, il rétablit le siège de Juvavia ou Saltzbourg, érigé dans les premières années du même siècle par St. Rupert. Grégoire lil et Zacharie, son successeur, çinfirmèrent tout ce que Boniface avait fait pour l’Église d’Allemagne. Charles Martel étant mort en 741, Carloman, son fils, lui succéda dans la mairie d’Austrasie ; et, vainqueur des ducs de Bavière et de Saxe, il seconda le zèle de Boniface pou1· la propagation de la foi ; ce fut même par les conseils du saint, que, dégoûté du monde, ce prince reçut l’habit religieux à Rome, des mains du pape Zacharie, et qu’il fonda, sur le mont Socrate, un monastère, où il passa plusieurs années. Pepin, frère de Carloman, ayant été élu roi de France en 752, voulut être sacré par l’évêque le plus célèbre de ses États : il choisit Boniface. On croit que ce prélat n’avait point approuvéile changement de dynastie, la réclusion de Childéric III dans le monastère de St-Bertin, et celle de Thierri, fils du dernier roi mérovingien, dans l’abbaye de Fontenelle, en Normandie ; mais il se rendit, avec tous les ordres de l’État, à cette décision du pape Zacharie, « qu’il valait mieux reconnaître pour roi celui en qui résidait l’autorité suprême.» Melia : me illum vocari

BON 3. regem, apttd quent.summa potestas consistera !. Boniface sacra Pepin le Bref à Soissons. Il présida ensuite au synode qui fut assemblé dans cette ville. Quoiqu’il fùt depuis longtemps évêque, il n’avait point encore de siège fixe. Pepin le nomma a l’évêché de Mayence, et le pape Zacharie, érigeant ce siège en métropole, lui soumit les évêchés de Cologne, de Tongres, d’Utrecht, de Coire et de Con- ’ stance ; les évêchés de Strasbourg, de Spire et de Worms, qui relevaient précédemment du siège de Trêves, et tous les évêchés que l’apôtre d’Allemagne avait institués. Boniface tint au moins huit conciles dans la Thuringe, la Bavière, l’Austrasie et la Neusn-ie. Il est appelé légat de St. Pierre ou du saint-siège dans le premier concile qu’il assembla en Allemagne. On voit, par les actes des conciles de Leptines et de Soissons, que les pouvoirs attachés à sa dignité de légat s’étaient aussi étendus en France. En 746, il fonda, dans le cercle du Haut-Bhin, l’abbaye de Fulde, qui a produit tant d’hommes célèbres, et dont l’abhé fut déclaré, en 968, primat de tous les abbés d’Allemagne. Boniface avait déjà fondé plusieurs autres abbayœ à Fidislar, àllamelbourg, à Ordorf ; et il faut le remarquer, parce que, dans ces temps-là, la construction d’un monastère était le commencement d’un bourg ou d’une ville. Boniface lit venir d’Angleterre les ouvrages de Bède, dit le Yénérable, et qu’il appelait la lampe de l’Eglfse ; les Épîtres de St. Pierre, écrites en lettres d’or, et plusieurs autres livres. Il choisit pour son successeur, avec la permission du pape Zacharie et celle 2 du roi Pepin, St. Lulle, qui avait été moine de Mal : besbury : c’était un de ses nombreux disciples, presque l tous venus de la Grande-Bretagne. Il le sacra archevêque de Mayence en 754. Libre désormais des soins de l’épiscopat, il reprit ses courses apostoliques pour = la conversion des infidèles. Il prêchait l’Évangile aux peuples barbares qui habitaient les côtes les plus = reculées de la Frise. Il avait fait dresser des tentes auprès de Dockum, à six lieuœ de Levvarden ; il devait administrer en pleine campagne la confirma : tion aux néophytes, dont le nombre trop grand n’eût pu tenir dans une église. Des barbares armés fondirent, la veille de la Pentecôte, sur ce camp de chrétiens paisibles, et massacrèrent Boniface, le 5 juin 2 755. Avec lui périrent Eoban, évêque, trois prêtres, 2 trois diacres, quatre moines, et quarante-huit laïques. 1 Boniface était déjà âgé d’environ 75 ans. Son co1·ps t fut transféré successivement à Utrecht, à Mayence et t ai Fuhle. On conserve dans cette abbaye une copie des Évangiles écrite de sa main, et un aut1·e volume teint 2 du sang de ce martyr. Les bollandistes ont recueilli 2 les Acta Bonffaciana, qui contiennent l’histoire, siècle 2 par siècle, des miracles du saint. On a de Boniface un recueil de lettres, publié par Serrarius, en 1605, - in-4o. Ces lettres sont au nombre de cent cinquante deux ; mais il n’y en a que trente-neuf qui soient t du saint évêque ; les autres lui ont été adressées par z des papes, des évêques, des princes, etc. On trouve l aussi, dans le Thesaurus anecdotomm de D. Martène - et de Durand (tom. 9), un grand nombre de lettres i inédites de St. Boniface, et dix-neuf homélies du