Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 5.djvu/48

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


BON

du roi ; mais il ne succéda ni à ses vertus, ni à sa prudence (Voy. Boissy). Il fut l’esclave de la duchesse d’Angoulême, mère de François Ier, et le flatteur de son maître ; soumis à tous les caprices de cette princesse altière, il obtint par son crédit, en 1521, le commandement de l’armée de Guienne, destinée à réparer les fautes et les malheurs de Lesparre dans la guerre d’Espagne. Bonnivet s’empara d’abord de quelques châteaux situés dans les montagnes de la Navarre, menaça ensuite Pampelune, et, par une marche habile, tourna tout-à-coup vers Fontarabie ; il passa la rivière d’Andaye à la vue de l’armée espagnole, enleva le château de Bohobie, et se rendit maître de Fontarabie, regardée alors comme une des principales clefs de l’Espagne. Au milieu de ces hostilités, des conférences s’ouvrirent pour la paix avec Charles Quint ; mais le présomptueux Bonnivet, enivré de ses succès, ne fut pas d’avis de restituer Fontarabie, qu’il regardait comme un trophée de sa gloire, et il promit même au roi de faire suivre la prise de cette ville par la conquête de Saint-Sébastien. François Ier garda Fontarabie, et les hostilités recommencèrent. Mézerai accuse le seul Bonnivet d’avoir fait rejeter la paix. « C 'est ainsi, dit-il, qu’un ministre visionnaire et ambitieux jeta son roi et sa patrie dans une suite infinie de calamités. » Bonnivet revint à la cour, et ne songea plus qu’à jouir de sa faveur ; de tous les amis de François Ier, il fut le seul auquel on donna le titre de favori. Il nourrit et servit la haine de la duchesse d’Angoulême contre le connétable de Bourbon, dont il s’était attiré le mépris. La cour allant au château de Bonnivet, en Poitou, dont l’amiral portait le nom, et où il étalait le plus grand faste, le roi y conduisit Bourbon malgré lui, et, arrivé à Bonnivet, il lui demanda ce qu’il pensait de ce château magnifique : « Je n’y connais qu’un défaut, répondit le connétable ; la cage me paraît trop grande pour l’oiseau. - C’est apparemment la jalousie, dit le roi, qui vous fait parler ainsi. - Moi, jaloux ! répondit Bourbon ; puis-je l’être d’un homme dont les ancêtres tenaient à honneur d’être écuyers de ma maison ? » En effet, la maison de Gouffier était originaire du Bourbonnais. Devenu dès lors l’ennemi le plus actif du connétable, Bonnivet contribua aussi à la défection de ce grand homme. La duchesse d’Angoulême n’eut pas de peine à persuader au roi que Bonnivet réussirait mieux que Lautrec en Italie. Il eut le commandement de l’armée française et pénétra en 1523 dans le Milanais. La plupart des historiens soutiennent qu’il fit une faute inexcusable en ne marchant pas droit à Milan ; il se contenta d’en faire le blocus, dans l’espoir de l’affamer ; mais l’armée impériale vint entreprendre de l’affamer lui-même dans son camp. Bonnivet se retira au delà du Tessin, et par ses mauvaises dispositions, il fit battre à Rebec le fameux Bayard (voy. ce nom), qui lui dit : « Vous m’en ferez raison en temps et lieu, maintenant le service du roi exige d’autres soins. » Bonnivet ne répondit pas à ce défi, et ne crut pas devoir irriter Bayard, l’oracle de l’armée. Pressé par le marquis de Pescaire,

BON

il confia même la retraite à Bayard, qui sauva l’armée à Romagnano, et se fit tuer. L’évacuation du Milanais fut entière. Les historiens voient une nouvelle preuve du crédit excessif de la duchesse d’Angoulême dans l’accueil que le roi fit à Bonnivet au retour de cette campagne malheureuse. Lorsqu’en 1524, François Ier entreprit en personne la conquête du Milanais, ce fut encore par le conseil de Bonnivet qu’il résolut de faire le siège de Pavie. Bonnivet s’indigna de l’idée d’une retraite, proposée par les généraux les plus expérimentés, et, voulant épargner au roi la honte d’une fuite, il fit dans le conseil, pour déterminer la bataille, une harangue que Brantôme nous a conservée : il eut le malheur de persauder le roi. Voyant ensuite les déplorables effets du conseil qu’il avait donné, et l’inutilité de ses efforts pour arracher son maître aux périls qui l’environnaient, il lève la visière de son casque, et, jetant un triste regard sur le champs de bataille, il s’écrie : « Non, je ne puis survivre à un pareil désastre. » et court se précipiter au milieu des bataillons ennemis, le 24 février 1525. Le connétable de Bourbon, voyant les restes sanglants de son ennemi, s’écria, en détournant les yeux : « Ah ! Malheureux ! Tu es cause de la perte de la France et de moi-même ! » Ce favori, dont le nom ne présente plus aujourd’hui que l’idée d’un courtisan gâté par la faveur, n’était pas sans mérite ; il avait au moins un grand courage, un caractère ferme et décidé ; il était spirituel et galant ; jamais homme ne fut si téméraire dans ses galanteries. Brantôme assure que la comtesse de Chateaubriant était infidèle au roi en faveur de Bonnivet, et que le roi l’ayant surpris un jour chez elle, il n’eut que le temps de se cacher. Bonnivet aimait la duchesse d’Alençon, sœur du roi, qui, connaissant cette inclination, ne s’en offensait point ; mais ce favori, ne pouvant toucher le cœur de la princesse, s’introduisit pendant la nuit par une trappe dans sa chambre ; la duchesse se défendit avec tant de courage, et fut secourue si à-propos par sa dame d’honneur, que Bonnivet se vit contraint de se retirer honteusement. Elle raconte elle-même cette aventure dans l'Heptaméron (4e nouvelle : sous des noms supposés ; mais Dreux du Radier démontre la fausseté de cette anecdote dans un de ses ouvrages manuscrits. On conserve à la Bibliothèque Royale, sous les n° 8552 et 8553, un recueil de Lettres (manuscrites) de l’amiral Bonnivet, ambassadeur extraordinaire en Angleterre en 1519, 2 vol. in-folo.

B-P.

BONNOMET, notaire à Paris, mort en 18114, àl 65 ans, a publié vers 1798 : Considérations sur le notariat, Paris, sans date, in-8o. C’était un des hommes les plus considérés de sa compagnie.

Z-0.

BONNOR ou BONNET (Honoré), prieur de Salon, dans le 14e siècle, a laissé un ouvrage intitulé l’Arbre des batailles, composé par ordre du roi Charles V pour l’instruction du dauphin. Cet ouvrage eut beaucoup de succès dans son temps. La bibliothèque royale en possède au moins onze manuscrits, et il en existe plusieurs éditions, notamment celle de Lyon, 1481, et de Paris, Ant. Vérard, 1493, la seule