Page:Michaud - Le printemps d'un proscrit, 1803.djvu/135

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Je ne reverrai plus ces tranquilles berceaux,
Ces ormes, vieux témoins des danses des hameaux.
Là, le front couronné de roses printannières,
Ma muse étoit sans art ainsi que vos bergères ;
En chantant vos vertus, je chantois mon bonheur,
Et mes vers sans effort s’échappoient de mon cœur.
Adieu, concerts touchans, adieu, tendre délire,
De mes tremblantes mains je sens tomber ma lyre.
Le cœur encore ému des charmes du printemps,
Comment pourrai-je, hélas ! Retracer dans mes chants
Le fracas des cités, le choc bruyant des armes,
La nature outragée et la patrie en larmes ?
Des partis menaçans qui peindra les fureurs,
Le silence des loix, et le mépris des mœurs,
Le crime sans remords, les maux sans espérance,
Les temples dépouillés, et les dieux sans vengeance ;
Chaque fléau suivi par un fléau plus grand,
Et l’avenir chargé des forfaits du présent ?