Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 1.djvu/174

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grâce pour les rigueurs de sa prison ? Après avoir parlé de celui que l’oracle avait déclaré le plus sage des hommes, je n’ose détourner votre pensée sur moi ; mais, comme Socrate, n’ai-je pas vu devant moi la mort que je n’avais pas méritée ? Oh ! s’il m’avait été permis de mourir au milieu de mes amis, peut-être n’aurais-je pas pris la peine de fuir, et, content de recevoir leurs adieux, j’aurais laissé là cette vie, comme un fardeau trop pesant à porter dans les jours mauvais.

Lorsque nous eûmes quitté la prison de Socrate, on nous montra, à notre gauche, le lieu où s’élevait jadis l’Aréopage. Il ne reste rien de ce sanctuaire de la justice que deux escaliers parallèles, qu’on aperçoit encore sur une hauteur escarpées. Le palais de l’Aréopage était construit en murailles de terre ; on lui avait conservé la simplicité des premiers temps, et les Athéniens parlaient de cette simplicité du temple des lois avec autant d’orgueil qu’ils parlaient de là magnificence du temple de Minerve. Un voyageur chrétien ne peut passer en ce lieu sans se rappeler que l’apôtre Paul comparut devant l’Aréopage, et qu’il y prêcha le Dieu crucifié, le Dieu inconnu auquel Athènes avait élevé des autels. Il faut ressentir les vives impressions qui naissent de l’aspect des lieux pour juger la position où se trouvait alors l’apôtre du Christ, pour apprécier dignement la grandeur de sa mission ; le courage de son entreprise, et la sainte audace de