Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 1.djvu/254

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Après avoir parlé de la Grèce et de la Turquie, vous devez penser, que notre conversation revient souvent sur la France. Quoique nous n’ayons pas tout à fait la même manière de voir, nous nous entendons assez bien pour les questions principales. À la distance où nous sommes, il y a des choses qu’on voit mieux ; il en est dans ce cas des opinions opposées comme des deux lignes parallèles ou rayons visuels qui se rapprochent et se confondent dans l’éloignement. M. Blaque ne prend d’ailleurs des idées libérales que ce qu’elles ont d’applicable à une grande monarchie comme la France. Je juge par nos entretiens que les hommes raisonnables et modérés de tous les partis pourraient facilement s’entendre ; malheureusement, ces hommes raisonnables et modérés ont presque toujours derrière eux et autour d’eux des hommes qui ne leur ressemblent point, qui exagèrent toutes les opinions, qui les dénaturent au point d’en faire de véritables monstruosités avec lesquelles les partis se font peur les uns aux autres.

Ni l’un ni l’autre, nous ne voyons l’avenir en beau ; chacun de nous en parle dans les couleurs de son opinion, mais sans amertume. Je ne vous répéterai pas tout ce que nous avons dit, car vous ne manquez pas, à l’heure qu’il est, de prophètes qui vous annoncent de grande calamités. Nos prédictions ne seraient qu’une répétition de ce que vous lisez chaque matin dans cinquante journaux