Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 1.djvu/98

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vous attendez à Paris les aiguilles de Cléopâtre ou les obélisques de Luxor ; il est une chose néanmoins qui pourrait le faire désirer ; on croit généralement qu’il arrive avec un emprunt tout fait de soixante millions ; c’est un grand attrait pour les enfans de Lycurgue et de Solon ; mais quand les soixante millions seront dépensés, que deviendra là royauté qu’on regarde maintenant comme un trésor, et qui ne sera plus qu’une bourse vide ? On n’a rien fait d’ailleurs pour établir et consolider le trône du nouveau venu. Les cabinets alliés ont cru qu’il suffisait de dire dans les traités qu’il y aurait un roi en Morée, et que ce roi viendrait de notre Europe. Quand je suis parti de Paris, il était beaucoup question de tracer les limites du territoire grec ; mais personne ne songeait à tracer les limites du pouvoir royal, ou celles du pouvoir populaire, en un mot, à constituer un gouvernement ; on n’y songe pas plus ici qu’à Paris à Pétersbourg et à Londres ; le nouveau roi viendra sans savoir à quelles conditions il régnera, comment il doit régner ; il n’aura d’autre perspective que d’être le continuateur de Capo-Distrias ; même il ne doit pas s’attendre à être plus populaire que le président ; car, dans ce pays comme dans beaucoup d’autres, la popularité ne s’attache guères à ceux qui ont la mission de rétablir l’ordre quelque part. Les opinions populaires ne soutiennent presque jamais ce qu’elles ont élevé, et, dans leur extrême mobilité, elles res-