Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 1.djvu/97

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On les accuse d’abord d’avoir des intentions hostiles et violentes, puis, lorsque ces intentions ne se manifestent point par des actes extérieurs, les partis s’indignent de voir leurs prévisions en défaut, et l’idée de la dissimulation vient alors au secours de la haine implacable et de la malveillance opiniâtre. J’ai plusieurs fois ouï dire que le président avait fait des tentatives pour retarder l’arrivée de Léopold, et pour l’amener à donner sa démission ; il nourrirait ainsi l’espoir de garder la présidence et de la convertir pour lui et sa famille en une espèce de royauté ; il m’a semblé entrevoir cette pensée dans quelques mots de sa conversation mais je ne puis croire qu’il s’y soit arrêté sérieusement. N’y aurait-il pas en effet plus d’aveuglement que d’ambition à vouloir régner sur des abîmes qu’on ne peut fermer ; à braver des orages contre lesquels on ne peut rien, à mépriser enfin les leçons du passé, pour affronter un avenir qui s’avance avec des calamités nouvelles ?

Le roi Léopold réussira-t-il mieux ? Personne ne le connaît ; il ne sera pour la Grèce qu’un monarque tombé des nues. Il n’est appelé ni par des souvenirs ni par des espérances ; on aura de la peine à rattacher la famille d’un prince allemand à celle d’Agamemnon, de Cécrops ou d’Agésilas, moins encore aux idées et aux intérêts que la révolution a fait naître : le prince Léopold n’inspire que le sentiment de la curiosité ; on l’attend à Naupli comme