Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/306

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servations générales sur l’état des esprits et des opinions à Stamboul, dans le moment où je vous écris ; je joindrai à ces observations ce que j’ai appris dans mes conversations avec quelques Français éclairés qui habitent cette ville depuis plus longtemps que moi.

Je dois vous dire qu’on se fait beaucoup d’illusions à Paris et sans doute aussi dans d’autres grandes cités de l’Europe sur les progrès des lumières et de la civilisation à Constantinople ; voyons à quoi se réduisent ces progrès. Je vous ai déjà parlé des changemens dans les costumes ; le fesse rouge qui a succédé au turban, la babouche qui imite le soulier, un cafftan dont on a fait une redingote, enfin des, habits qui ont à la fois quelque chose de turc et quelque chose de français, et qui ne sont ni français ni turcs, voilà ce qui frappe d’abord un étranger qui veut savoir ce qu’a produit la réforme de Mahmoud. J’ajouterai que les nouvelles milices ont été amenées à faire l’exercice en commun, à s’aligner, à garder, leurs rangs, à manier le fusil et la bayonnette à peu près comme nos soldats ; on sait combien d’obstacles il a fallu vaincre pour arriver là ; ces changemens méritent sans doute notre attention, et doivent jusqu’à un certain point exciter notre surprise ; mais je crains bien que tout cela ne soit encore au fond que de la barbarie de la barbarie vêtue à la franque et disciplinée à l’européenne.