Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/320

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d’été du czar surpassait en magnificence le kiosque de Stavros, sur la rive asiatique ; l’ambassadeur musulman ayant répondu que le palais de l’empereur moscovite était plus magnifique, le Sultan fit alors agrandir son kiosque de Stavros et lui donna une tournure européenne d’après les nouveaux plans qu’on lui avait montrés ; les courtisans et les favoris du sérail, pour faire la cour au Sultan, se mirent à suivre son exemple, et le Bosphore vit s’élever sur ses rives des pavillons plus ou moins semblables à ceux qui bordent la Néva.

Le grand-seigneur passe la belle saison sur ces rivages ; il va de kiosque en kiosque, menant avec lui quelques favoris, ses gardes et ses itch-oglans. La chronique scandaleuse n’a point épargné celui que les Musulmans appellent l’ombre de Dieu. Les kiosques du Sultan n’ont plus de mystères ; et la curiosité maligne à pénétré tous les secrets. On se dit tout bas sur les rives du Bosphore que Mahmoud oublie avec des courtisanes grecques les cinq cents épouses du sérail, qu’il se plaît au milieu des danses les plus lascives, et que nos meilleurs vins d’Europe lui servent à faire des libations abondantes au génie de la civilisation. Il y aurait du danger à vouloir s’assurer ici de la vérité, et personne ne se vanterait d’avoir vu tout cela de ses propres yeux ; mais ces bruits transpirent au milieu du peuple et donnent de l’humeur aux vrais croyans ; pour moi, je n’en crois tout juste que ce qu’il faut