Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/321

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pour animer les paysages du Bosphore. Il y a huit ou dix ans que dans ces mêmes kiosques on ne s’occupait que de faire couper des têtes ; j’aime encore mieux excuser les faiblesses de l’humanité que d’avoir à déplorer les sanglans arrêts du despotisme.

Le Sultan peut avoir des kiosques tant qu’il veut ; la construction de ces sortes d’édifices n’est ni longue, ni dispendieuse, et puis sa hautesse ne se fait point, scrupule de s’approprier les maisons qui lui plaisent. Il lui arrive quelquefois de faire présent d’un pavillon à l’un de ses ministres ou de ses courtisans, et quand le possesseur passager (brevis dominus) a dépensé beaucoup d’argent pour embellir sa nouvelle demeure, il lui faut dire adieu au jardin qu’il avait arrangé selon ses goûts, au kiosque, dont il faisait ses délices : linquenda tellus, et domus. C’est ce qui est arrivé, il y a peu de temps, au séraskier pacha.

En remontant ou en descendant le canal, vous avez vu le nouveau kiosque du séraskier-pacha, celui du secrétaire du Sultan (Moustapha-effendi), celui du ministre d’Égypte (Nedjib-effendi) ; le pavillon du ministre de Méhémet-Ali se distingue par une élégante simplicité ; point d’éclat, point de luxe et d’ornemens frivoles. Nedjib-effendi passe pour un des hommes les plus recommandables de l’empire ; on vante ses mœurs douces, ses bonnes manières ; les jeunes seigneurs de Stamboul le