Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/408

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point conduit. On peut voir à Tophana un autre bazar pour les Circassiennes ; les marchands se réunissent dans deux cafés où ils restent depuis le matin jusqu’au soir ; les femmes esclaves sont enfermées dans des maisons du voisinage. On vient les voir, ou bien elles, sont conduites chez ceux qui veulent les acheter. Nous avons rencontré souvent dans les rues de Tophana ces beautés de la Circassie ; leur visage paraît à découvert ; elles ont quelque chose de triste et de sauvage dans le regard ; leur chevelure est longue et flottante ; rien n’est plus svelte que leur taille, et c’est le seul défaut que leur trouvent les Turcs. Des femmes juives sont les courtiers de cette espèce de commerce ; elles savent quand les cargaisons arrivent, elles savent ce qui compose chaque cargaison. Si la Circassie envoye quelques-unes de ses merveilles, la renommée les précède ; elles sont encore en butte aux écueils et aux tempêtes de la Mer-Noire, que déjà on en parle à Stamboul. On annonçait ces jours derniers l’arrivée de deux beautés rares ; toutes les matrones de la capitale allaient les proposer de maisons en maisons. Point de marchand, point d’amateur qui ne voulût au moins les voir. Chacune des deux Circassiennes devait se vendre trente ou quarante mille piastres, ce qui, en langue de bazar, voulait dire qu’elles étaient des perfections.

On achète souvent des plus belles esclaves pour en faire présent à quelque grand seigneur, même