Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/409

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au sultan qui les reçoit et les place dans son harem : c’était autrefois un puissant moyen de faire sa cour et d’avoir des amis ou des intelligences dans le sérail ; les pachas des rives de la Mer-Noire, et ceux qui commandent dans les pays voisins de la Géorgie, n’ont pas renoncé à l’usage d’approvisionner le harem impérial. J’ai voulu savoir comment on se procurait des eunuques ; ce sont les courtisans du sérail qui prennent ici la place des marchands. Je dois vous dire toutefois qu’il n’y a pas en Turquie autant d’eunuques qu’on paraît le croire communément dans notre Europe. La loi religieuse défend toute mutilation de l’humanité, et la faculté d’avoir des eunuques noirs ou blancs est un privilège réservé à la magnificence des sultans et des grands de l’empire. Tout ce que j’ai pu apprendre sur les tristes gardiens des harems, c’est que les eunuques blancs viennent, comme les odalisques, des bords de la Mer-Noire, et les eunuques noirs, de l’Abyssinie. Plusieurs de ces derniers, les plus adroits et les mieux élevés, ceux qui ont le plus de crédit au sérail, ont été envoyés par le pacha du Caire.

Ma demeure n’est pas loin de Tophana, et quand je passe par ce quartier, j’entre souvent au café où se trouvent les marchands d’esclaves circadiennes. J’ai l’habitude de causer avec un de ces marchands, qui est plus communicatif que les autres. Comme je lui témoignais une grande curiosité pour tout ce