Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/88

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monde sait. Je ne vous répéterai point comment Lampsaque se déclara pour Darius, et comment elle faillit pour cela être détruite par Alexandre ; ce qu’il y a ici de remarquable, c’est que la ville fut sauvée par un jeu de mots. Les Romains furent long-temps maîtres de Lampsaque, puis les Grecs, puis les Barbares. Je voudrais avoir quelques détails à vous donner sur l’époque où le dieu Priape obtint dans cette ville des autels, et sur l’époque où ces autels furent renversés. L’ancienne Lampsaque dut toute sa célébrité au culte du dieu des jardins, sur lequel on a dit beaucoup de choses que je crois fort exagérées. Il est difficile de penser qu’une croyance religieuse ait jamais pu être fondée sur la dépravation des mœurs, et que cette croyance se soit accréditée parmi les hommes ; le dieu des jardins fut quelquefois honoré comme le protecteur de l’industrie et de la navigation, mais jamais comme une divinité qui présidait à la débauche. Les fêtes célébrées en son nom purent dégénérer en scènes licencieuses, comme cela est arrivé en d’autres temps et dans d’autres pays, pour des institutions plus graves et plus saintes ; mais on ne doit pas conclure de là que les mœurs d’un peuple ou d’une ville soient généralement corrompues. En étudiant l’antiquité, nous voyons que l’exemple même des dieux n’était point parvenu à corrompre le cœur de l’homme, et que les sociétés humaines valurent toujours mieux que l’Olympe