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en voyage ce matin, mais qui reste, maintenant que Paris est menacé…

6 février 1916.

L’ingénieur Griset, ancien officier d’artillerie, qui dirige une des usines de mon mari, est de passage à Paris. À table, il a raconté ce souvenir :

— Pendant que j’étais, comme sous-lieutenant-élève, à l’École d’application de Fontainebleau, il y a vingt-cinq ans, un de nos professeurs, un commandant, fut victime d’un accident mystérieux. Un matin, on le trouva inanimé dans la forêt, avec une blessure à la tête. Tout de suite, on donna deux versions du drame. Deux légendes coururent. À entendre les officiers du cadre, ses collègues, il avait heurté du front une branche basse, au cours d’une promenade à cheval. Parmi les élèves, on affirmait que, fort épris d’une petite marchande de journaux, désespéré de se voir préférer un de nos camarades, il avait voulu attenter à ses jours. Il guérit. Mais, bien que cette lésion n’eût pas laissé de trace apparente, il ne reprit pas ses