Page:Michel Corday - Les Hauts Fourneaux, 1922.djvu/238

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

fantaisie macabre. Un grand chef, parcourant, un soir d’offensive, le terrain conquis, s’arrête devant un groupe de soldats tombés à l’assaut. Et devant ces héros morts, il soupire, pensif : « Comme ils ont les cheveux longs »… Un autre visite une ambulance de première ligne et, devant un homme qu’on ampute des deux jambes, murmure : « Il faudra aussi lui couper les cheveux. »

31 juillet 1916.

On a mis de la honte autour de certaines maladies contagieuses, autour de certains vices hors nature, autour du suicide, de l’inceste, bref autour de ce qui nuit à la reproduction de la race. C’est le génie de l’espèce, toujours attentif à sa conservation, qui a dressé ces barrières morales. Pourquoi n’a-t-il pas mis aussi de la honte autour de la guerre, si funeste au sort de la race, véritable sélection à l’envers qui anéantit tous ses éléments de force et de jeunesse ?

C’est sans doute que la guerre moderne, seule, fait des coupes si vastes et si totales que nous n’avons pas encore eu le temps d’en mesu-