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LES « HAUTS FOURNEAUX »

n’est pas si simple. Une partie de la presse, inspirée, dit-on, par le groupe du Lycée Victor-Duruy, insinue que le retour du gouvernement exposera Paris à de nouveaux efforts de l’ennemi : attaques de zeppelins, pressions sur les lignes qu’il faudra renforcer.

Bref, jusqu’au dernier moment, chacun reste sur ses positions. Hier, Ribot déclara fermement qu’en tout cas il rentrerait le lundi suivant. « Vous voilà révolutionnaire », sourit Sembat. « Comme vous naguère », distille Ribot.

Paris, 10 décembre 1914.

Me voici rue de la Faisanderie, dans ma maison que j’avais quittée depuis Pâques. Quelle douceur, parmi tant de tristesses, d’y ramener mon fils aussi bien portant qu’au départ, après les craintes mortelles qu’il m’a données pendant des mois.

J’imaginais Paris très changé. Le jour, on y découvre à peine quelques traits nouveaux : des devantures closes, le petit nombre des autos, la teinte sombre et la simplicité des toilettes. La métamorphose est plus sensible le soir, où la