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LA GAULE SOUS L’EMPIRE. DÉCADENCE DE L’EMPIRE.

La plupart de ces empereurs provinciaux, de ces tyrans, comme on les appelait, furent de grands hommes ; ceux qui leur succédèrent et qui rétablirent l’unité de l’Empire, les Aurélien, les Probus, furent plus grands encore. Et cependant l’Empire s’écroulait dans leurs mains. Ce ne sont pas les barbares qu’il en faut accuser ; l’invasion des Cimbres sous la République avait été plus formidable que celles du temps de l’Empire. Ce n’est pas même aux vices des princes qu’il faut s’en prendre. Les plus coupables, comme hommes, ne furent pas les plus odieux. Souvent les provinces respirèrent sous ces princes cruels qui versaient à flots le sang des grands de Rome. L’administration de Tibère fut sage et économe, celle de Claude douce et indulgente. Néron lui-même fut regretté du peuple, et pendant longtemps son tombeau était toujours couronné de fleurs nouvelles[1]. Sous Vespasien,

  1. Tibère. Dans l’affaire de Sérénus, Tibère se déclara pour les accusateurs, contra morem suum. Tacite, Annal., l. IV, c. xxx. — « Accusatores, si facultas incideret, pœnis afficiebantur. » L. VI, c. xxx. — Les biens d’un grand nombre d’usuriers ayant été vendus au profit du fisc : « Tulit opem Cæsar, disposito per mensas millies sestertio, factaque mutuandi copia sine usuris per triennium, si debitor populo in duplum prædiis cavisset. Sic refecta fides. » Annal., liv. VI, c. xvii. — « Præsidibus onerandas tributo provincias suadentibus rescripsit : Boni pastoris esse tondere pecus, non deglubere. » Sueton., in Tiber., c. xxxii. — « Principem præstitit, etsi varium, commodiorem tamen sæpius, et ad utilitates publicas proniorem. Ac primo eatenus interveniebat, ne quid perperam fieret… Et si quem reorum elabi gratia rumor esset, subitus aderat, judicesque… religionis et noxæ de qua cognescerent, admonebat : atque etiam si qua in publicis moribus desidia aut mala consuetudine labarent, corrigenda suscepit. » C. xxxiii. — « Ludorum ac munerum impensas corripuit,