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HISTOIRE DE FRANCE.

partout on sent respirer en dessous un cœur ému contre la force fatale, l’invasion, tout plein de l’âme nationale et du droit de la liberté.

Je l’ai aimé beaucoup et admiré. Cependant, le dirai-je ? ni le matériel, ni le spirituel, ne me suffisait dans son livre.

Le matériel, la race, le peuple qui la continue, me paraissaient avoir besoin qu’on mît dessous une bonne forte base, la terre, qui les portât et les nourrît. Sans une base géographique, le peuple, l’acteur historique, semble marcher en l’air comme dans les peintures chinoises où le sol manque. Et notez que ce sol n’est pas seulement le théâtre de l’action. Par la nourriture, le climat, etc., il y influe de cent manières. Tel le nid, tel l’oiseau. Telle la patrie, tel l’homme.

La race, élément fort et dominant aux temps barbares, avant le grand travail des nations, est moins sensible, est faible, effacée presque, à mesure que chacune s’élabore, se personnifie. L’illustre M. Mill dit fort bien : « Pour se dispenser de l’étude des influences morales et sociales, ce serait un moyen trop aisé que d’attribuer les différences de caractère, de conduite, à des différences naturelles indestructibles[1]. »

  1. C’est le point principal sur lequel je diffère de mon savant