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RÉCAPITULATION. — SYSTÈMES DIVERS.

distingués, dans le langage de ces faux Romains qui parvinrent aux dignités de l’Empire, nous trouvons des traces de l’idiome national. Le Provençal Cornélius Gallus, consul et préteur, employait le mot gaulois casnar pour assectator puellæ ; Quintilien lui en fait le reproche. Antonius Primus, ce Toulousain dont la victoire valut l’Empire à Vespasien, s’appelait originairement Bec, mot gaulois qui se retrouve dans tous les dialectes celtiques ainsi qu’en français. En 230, Septime Sévère ordonne que les fidéicommis seront admis, non-seulement en latin et en grec, mais aussi linguâ gallicanâ[1]. Nous avons vu plus haut une druidesse parler en langue gauloise à l’empereur Alexandre Sévère. En 473,

  1. Dès le viiie siècle, le mariage des deux langues gauloise et latine paraît avoir donné lieu à la formation de la langue romane. Au ixe siècle, un Espagnol se fait entendre d’un Italien. (Acta SS ord. S. Ben., sec. III, P. 2e, 258.) C’est dans cette langue romane rustique que le concile d’Auxerre défend de faire chanter par des jeunes filles des cantiques mêlés de latin et de roman, tandis qu’au contraire ceux de Tours, de Reims et de Mayence (813, 847), ordonnent de traduire les prières et les homélies ; c’est, enfin, dans cette langue qu’est conçu le fameux serment de Louis le Germanique à Charles le Chauve, premier monument de notre idiome national. — Le latin et le gaulois durent, sans aucun doute, y entrer, suivant les localités, dans des proportions très-différentes. Un Italien a pu écrire, vers 960 : « Vulgaris nostra lingua quæ latinitati vicina est » (Martène, Vet. Scr. I, 298), ce qui explique pourquoi la langue vulgaire provençale était commune à une partie de l’Espagne et de l’Italie ; mais rien ne nous dit qu’il en fut de même de la langue vulgaire du milieu et du nord de la Gaule. Grégoire de Tours (l. VIII), en racontant l’entrée de Gontran à Orléans, distingue nettement la langue latine de la langue vulgaire. En 995, un évêque prêche en gaulois (gallice. Concil. Hardouin, V, 734). Le moine de saint Gall donne le mot veltres (lévriers) pour un mot de langue gauloise (gallica lingua). On lit