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HISTOIRE DE FRANCE.

tence locale. On les retrouve en même temps chez des peuples qui ont éprouvé fort inégalement l’influence des vainqueurs et celle de l’Église, dans des pays à peu près sans communication et placés dans des situations géographiques et politiques très-diverses, par exemple, chez nos Bretons continentaux et chez les Irlandais insulaires.

Une langue si analogue au latin a pu fournir à la nôtre un nombre considérable de mots, qui, à la faveur de leur physionomie latine, ont été rapportés à la langue savante, à la langue du droit et de l’Église, plutôt qu’aux idiomes obscurs et méprisés des peuples vaincus. La langue française a mieux aimé se recommander de ses liaisons avec cette noble langue romaine que de sa parenté avec des sœurs moins brillantes. Toutefois, pour affirmer l’origine latine d’un mot, il faut pouvoir assurer que le même mot n’est pas encore plus rapproché des dialectes celtiques[1].Peut-

  1. On peut citer les exemples suivants :
    Breton. Gallois. Irlandais. Latin.
    Bâton …… …… batta baculus.
    Bras …… braich …… brachium.
    Carriole, chariot carr …… carr currus.
    Chaîne chadden caddan …… catena.
    Chambre cambr …… …… camera.
    Cire …… …… ceir cera.
    Dent …… dant …… dens.
    Glaive glaif …… …… gladius.
    Haleine halan alan …… halitus.
    Lait …… laeth laith lac, lactis.
    Matin mintin …… madin mane, matunitus.
    Prix pris …… pris pretium.
    Sœur choar …… seuar soror.