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HISTOIRE DE FRANCE.

tuer Grégoire, qui frappe les clercs s’ils tardent à lui apporter du vin. Les servantes du barbare, réfugiées avec lui dans la basilique, scandalisent tout le clergé en regardant curieusement les peintures sacrées qui en décoraient les parois.

Tours, Reims, et toutes leurs dépendances, sont exemptes d’impôts. Les possessions de Reims s’étendent dans les pays les plus éloignés, dans l’Ostrasie, dans l’Aquitaine. Chaque crime des rois barbares vaut à l’Église quelque donation nouvelle. Tout le monde désire être donné à l’Église ; c’est une sorte d’affranchissement. Les évêques ne se font nul scrupule de provoquer, d’étendre par des fraudes pieuses les concessions des rois. Le témoignage des gens du pays les soutiendra, s’il le faut. Tous, au besoin, attesteront que cette terre, ce village, ont été jadis donnés par Clovis, par le bon Gontran, au monastère, à l’évêché voisin, lequel n’en a été dépouillé que par une violence impie. Chaque jour la connivence des prêtres et du peuple devait ainsi enlever quelque chose au barbare, et profiter de sa crédulité, de sa dévotion, de ses remords. Sous Dagobert, les concessions remontent à Clovis ; sous Pépin le Bref à Dagobert. Celui-ci donne en une seule fois vingt-sept bourgades à l’abbaye de Saint-Denis. Son fils, dit l’honnête Sigebert de Gemblours, fonda douze monastères et donna à saint Rémacle, évêque de Tongres, douze lieues de large dans la forêt d’Ardenne.

La plus curieuse concession est celle de Clovis à saint Rémi, reproduite, ou plus probablement fabriquée, sous Dagobert :