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MONDE GERMANIQUE.

libres, hommes et terres, tout se réfugiait au sein maternel. L’Église améliorait tout ce qu’elle recevait du dehors ; mais elle ne pouvait le faire sans se détériorer d’autant elle-même. Avec les richesses, l’esprit du monde entrait dans le clergé, avec la puissance, la barbarie qui en était alors inséparable. Les serfs devenus prêtres gardaient les vices de serfs, la dissimulation, la lâcheté. Les fils des barbares devenus évêques restaient souvent barbares. Un esprit de violence et de grossièreté envahissait l’Église. Les écoles monastiques de Lerins, de Saint-Maixent, de Reomé, de l’île Barbe, avaient perdu leur éclat ; les écoles épiscopales d’Autun, de Vienne, de Poitiers, de Bourges, d’Auxerre, subsistaient silencieusement. Les conciles devenaient de plus en plus rares : cinquante-quatre au vie siècle, vingt au viie, sept seulement dans la première moitié du viiie.

Le génie spiritualiste de l’Église se réfugia dans les moines. L’état monastique fut un asile pour l’Église, comme l’Église l’avait été pour la société. Les monastères d’Irlande et d’Écosse, mieux préservés du mélange germanique, tentèrent une réformation du clergé gaulois. Ainsi, au premier âge de l’Église, le breton Pelage avait allumé l’étincelle qui éclaira tout l’Occident ; puis le breton Faustus, plus modéré dans les mêmes doctrines, ouvrit la glorieuse école de Lerins. Au second âge, ce fut encore un Celte, mais cette fois un Irlandais, saint Colomban, qui entreprit la réforme des Gaules. Un mot sur l’Église celtique.

Les Kymrys de Bretagne et de Galles, rationalistes, les Gaëls d’Irlande, poètes et mystiques, présentent