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HISTOIRE DE FRANCE.

toutefois dans leur histoire ecclésiastique un caractère commun, l’esprit d’indépendance et l’opposition contre Rome. Ils s’entendaient mieux avec les Grecs, et gardèrent longtemps, malgré l’éloignement, malgré tant de révolutions, tant de misères diverses, des relations avec les Églises de Constantinople et d’Alexandrie. Déjà Pelage est un vrai fils d’Origène. Quatre cents ans plus tard, l’Irlandais Scot traduit les Pères grecs, et adopte le panthéisme alexandrin. Saint Colomban, au viie siècle, défend aussi contre le pape de Rome l’usage grec de célébrer la Pâque : « Les Irlandais, dit-il, sont meilleurs astronomes que vous autres Romains[1]. » Ce fut un Irlandais, un disciple de saint Colomban, Virgile, évêque de Salzburg, qui affirma le premier que la terre est ronde, et que nous avions des antipodes. Toutes les sciences étaient alors cultivées avec éclat dans les monastères d’Écosse et d’Irlande. Ces moines, appelés culdées[2], ne connaissaient guère plus de hiérarchie que les modernes presbytériens d’Écosse. Ils vivaient douze à douze, sous un abbé élu par eux ; l’évêque n’était, conformément au sens étymologique, qu’un surveillant. Le célibat ne paraît pas avoir été régulièrement observé dans cette Église[3]. Elle se distinguait encore par la forme parti-

  1. Dans l’île d’Anglesey, il y a deux places appelées encore le Cercle de l’Astronome, Cœrrig-Bruydn, et la Cité des Astronomes, Cœr-Edris. Rowland, Mona antiqua p. 84. Low, Hist. of Scotl. p. 277.
  2. Solitaires de Dieu. Deus et Celare, Cella, ont des racines analogues dans les langues latine et celtique.
  3. Les femmes et les enfants des culdées réclamaient une part dans les dons faits à l’autel. (Low.)