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HISTOIRE DE FRANCE.

Maguelone, réforma les monastères, en détruisant les diversités introduites par saint Colomban et les missionnaires irlandais du viie siècle. Il imposa à tous les moines de l’Empire la règle de saint Benoît. Combien cette réforme minutieuse et pédantesque fut inférieure à l’institution première, c’est ce que M. Guizot a très-bien montré. Non moins pédantesque et inféconde fut la tentative de réforme littéraire dirigée surtout par Alcuin ; on sait que les principaux conseillers de Charlemagne avaient formé une sorte d’académie, où il siégeait lui-même sous le nom du roi David ; les autres s’appelaient Homère, Horace, etc. Malgré ces noms pompeux, quelques poésies du Goth italien Théodulfe, évêque d’Orléans, quelques lettres de Leidrade, archevêque de Lyon, méritent peut-être seules quelque attention ; pour le reste, c’est la volonté qu’il faut louer, c’est l’effort de rétablir l’unité de l’enseignement dans l’Empire. La seule tentative d’établir partout la liturgie romaine et le chant grégorien coûta beaucoup à Charlemagne ; entre tant de peuples et tant de langues, il avait beau faire, la dissonance reparaissait toujours[1]. Drogon, frère de l’empereur, dirigeait lui-même l’école de Metz.

  1. V. un passage curieux d’une vie de saint Grégoire, ap. Scrip. Rer. Fr. t. V, p. 445. — V. aussi la vie de Charlemagne, par un moine d’Angoulême (ap. Scr. Fr. V, 185). — Mon. Sangall., l. I, c. x. « Voyant avec douleur que le chant était divers selon les diverses provinces, il demanda au pape douze clercs instruits dans la psalmodie. Mais, par malice, lorsqu’on les eut dispersés de côté et d’autre, ils se mirent à enseigner tous des méthodes différentes. Charles indigné se plaignit au pape, et le pape les mit en prison. »