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CELTES ET IBÈRE.

que présentait l’armée barbare. « Outre une foule de cors et de trompettes qui ne cessaient de sonner, il s’éleva tout à coup un tel concert de hurlements, que non-seulement les hommes et les instruments, mais la terre même et les lieux d’alentour semblaient à l’envi pousser des cris. Il y avait encore quelque chose d’effrayant dans la contenance et les gestes de ces corps gigantesques qui se montraient aux premiers rangs, sans autre vêtements que leurs armes ; on n’en voyait aucun qui ne fût paré de chaînes, de colliers et de bracelets d’or. » L’infériorité des armes gauloises donna l’avantage aux Romains ; le sabre gaulois ne frappait que de taille, et il était de si mauvaise trempe qu’il pliait au premier coup.

Les Boïes ayant été soumis par suite de cette victoire, les légions passèrent le Pô pour la première fois, et entrèrent dans le pays des Insubriens. Le fougueux Flaminius y aurait péri s’il n’eût trompé les barbares par un traité, jusqu’à ce qu’il se trouvât en forces. Rappelé par le sénat, qui ne l’aimait pas et qui prétendait que sa nomination était illégale, il voulut vaincre ou mourir, rompit le pont derrière lui et remporta sur les Insubriens une victoire signalée. C’est alors qu’il ouvrit les lettres où le sénat lui présageait une défaite de la part des dieux.

Son successeur, Marcellus, était un brave soldat. Il tua en combat singulier le brenn Virdumar, et consacra à Jupiter Férétien les secondes dépouilles opimes (depuis Romulus). Les Insubriens furent réduits (222), et la domination des Romains s’étendit sur toute l’Italie jusqu’aux Alpes.