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HISTOIRE DE FRANCE.

Tandis que Rome croit tenir sous elle les Gaulois d’Italie terrassés, voilà qu’Hannibal arrive et les relève. Le rusé Carthaginois en tira bon parti. Il les place au premier rang, leur fait passer, bon gré, mal gré, les marais d’Étrurie : les Numides les poussent l’épée dans les reins. Ils ne s’en battent pas moins à Trasimène, à Cannes. Hannibal gagne ces grandes batailles avec le sang des Gaulois[1]. Une fois qu’ils lui manquent, lorsqu’il se trouve isolé d’eux dans le midi de l’Italie, il ne peut plus se mouvoir. Cette Gaule italienne était si vivace, qu’après les revers d’Hannibal, elle remue encore sous Hasdrubal, sous Magon, sous Hamilcar. Il fallut trente ans de guerre (201-170), et la trahison des Cénomans, pour consommer la ruine des Boïes et des Insubriens (Bologne et Milan). Encore les Boïes émigrèrent-ils plutôt que de se soumettre ; les débris de leurs cent douze tribus se levèrent en masse et allèrent s’établir sur les bords du Danube, au confluent de ce fleuve et de la Save. Rome déclara solennellement que l’Italie était fermée aux Gaulois. Cette dernière et terrible lutte eut lieu pendant les guerres de Rome contre Philippe et Antiochus. Les Grecs s’imaginaient alors qu’ils étaient la grande pensée de Rome ; ils ne savaient pas qu’elle n’employait contre eux que la moindre partie de ses forces. Ce fut assez de deux légions pour renverser Philippe et Antiochus ; tandis que, pendant plusieurs années de suite, on envoya les deux consuls, les deux armées consulaires, contre les obscurs peuplades des Boïes et des Insubriens. Rome roidit ses bras contre la Gaule et l’Espagne ; il lui suffit

  1. Voy. mon Histoire romaine.