Page:Michelet - La femme.djvu/112

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et me border dans mon lit. Comment défendre son cœur de ces délicieuses créatures ? Cependant on doit se garder de le leur témoigner trop, et de trop les attendrir.

Le petit garçon est tout autre. Ils ne jouent pas longtemps ensemble. S’ils ont commencé d’abord à faire une maison, le garçon voudra bientôt qu’elle devienne une voiture ; il lui faut un cheval de bois qu’il frappe et qu’il dompte. Alors elle jouera à part. Il a beau être son frère, ou bien son petit mari. Quand même il serait plus jeune, elle désespère de lui, se résigne à sa solitude, et voici ce qui arrive.

C’est surtout l’hiver, au foyer, que vous observerez la chose, quand on est plus renfermé, qu’on ne court pas et qu’il y a moins de mouvement extérieur. Un jour qu’on l’a un peu grondée, vous la voyez dans un coin envelopper tout doucement le moindre objet, un petit bâton peut-être, de quelques linges, d’un morceau d’une des robes de sa mère, le serrer d’un fil au milieu, et d’un autre un peu plus haut, pour marquer la taille et la tête, puis l’embrasser tendrement et le bercer. « Toi, tu m’aimes, dit-elle à voix basse ; tu ne me grondes jamais. »

Voici un jeu, mais sérieux, et bien plus sérieux qu’on ne pense. Quelle est cette nouvelle personne, cette enfant de notre enfant ? Examinons