Page:Michelet - La femme.djvu/113

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

tous les rôles que joue cette créature mystérieuse.

Vous croyez que c’est simplement une imitation de maternité, que, pour être déjà grande, aussi grande que sa mère, elle veut avoir aussi une petite fille à elle, qu’elle régente et gouverne, qu’elle embrasse ou qu’elle gronde. Il y a cela, mais ce n’est pas tout : à cet instinct d’imitation, il faut en ajouter un autre, que l’organisme précoce donne à toutes, à celles même qui n’auraient pas eu de mère pour modèle.

Disons la chose comme elle est : c’est ici le premier amour. L’idéal en est, non un frère (il est trop brusque, trop bruyant), mais une jeune sœur, douce, aimable, à son image, qui la caresse et la console.

Autre point de vue, non moins vrai. C’est ici un premier essai d’indépendance, l’essai timide de l’individualité.

Sous cette forme toute gracieuse, il y a, à son insu, une velléité de poser à part, quelque peu d’opposition, de contradiction féminine. Elle commence son rôle de femme ; toujours sous l’autorité, elle gémit un peu de sa mère, comme plus tard de son mari. Il lui faut une petite, toute petite confidente, avec qui elle soupire. De quoi ? de rien aujourd’hui peut-être, mais de je ne sais quoi qui viendra dans l’avenir… Eh ! que tu as raison ! ma