Page:Michelet - La femme.djvu/126

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ennemi de la nature, bien aveugle et d’esprit tortu, pour prononcer, contre Dieu même, que ce charmant organisme et cette tendresse de cœur ne la vouent qu’à l’isolement. « Élevons-la, disent-ils, pour être seule, c’est le plus sûr. L’amour est l’exception, mais l’indifférence est la règle. Qu’elle sache se suffire à elle-même, travailler, prier, mourir, et faire son salut dans un coin. »

Et moi, je réponds que l’amour ne lui manquera jamais. Je soutiens que, comme femme, elle ne fait son salut qu’en faisant le bonheur de l’homme. Elle doit aimer et enfanter, c’est là son devoir sacré. Mais entendons-nous sur ce mot. Si elle n’est pas épouse et mère, elle sera éducatrice, donc n’en sera pas moins mère, et elle enfantera de l’esprit.

Oui, si le malheur voulait qu’elle fût née dans un temps maudit où la plus aimable ne fût pas aimée, d’autant plus ouvrira-t-elle ses bras, son cœur, au grand amour. Pour un enfant qu’elle aurait eu, elle en aura mille, et les serrant contre elle-même, elle dira : « Je n’ai rien perdu. »




Que les hommes sachent bien une chose, un mystère noble et charmant que la nature a caché