Page:Michelet - La femme.djvu/127

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au sein de la femme ; c’est la divine équivoque où chez elle flotte l’amour. Pour eux, c’est toujours le désir. Mais pour elle, à son insu même, dans ses plus aveugles élans, l’instinct de la maternité domine encore tout le reste. Et quand un orgueil égoïste dit à l’amant qu’il a vaincu, il pourrait voir le plus souvent qu’elle ne cède qu’à son propre rêve, l’espoir et l’amour de l’enfant, que, presque dès sa naissance, elle avait conçu de son cœur.

Haute poésie de pureté. À chaque âge de l’amour où les sens ont un mot à dire, les instincts de maternité les éludent et portent l’amour dans une région supérieure.

Élever la femme, c’est seconder sa transformation, — c’est, à chaque degré de la vie, en lui donnant l’amour à la mesure de son cœur, l’aider à l’étendre ainsi et l’élever à cette forme si pure, et pourtant plus vive.

Pour dire d’un mot, cette sublime et délicieuse poésie : dès le berceau, la femme est mère, folle de maternité. Pour elle, toute chose de nature, vivante et même non vivante, se transforme en petits enfants.