Page:Michelet - La femme.djvu/13

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Il faut dire nettement la chose, comme elle est. Ils n’ont plus d’idées communes, ni de langage commun, et même sur ce qui pourrait intéresser les deux parties, on ne sait comment parler. Il se sont trop perdus de vue. Bientôt, si l’on n’y prenait garde, malgré les rencontres fortuites, ce ne serait plus deux sexes, mais deux peuples.




Rien d’étonnant si le livre qui combattait ces tendances, un petit livre de cœur, sans prétention littéraire, a été de toutes parts amèrement critiqué. L’Amour venait naïvement se jeter dans le divorce, invoquait la bonne nature et disait : « Aimez encore. »

À ce mot, d’aigres cris s’élèvent, on avait touché la fibre malade. « Non, nous ne voulons pas aimer ! nous ne voulons pas être heureux !… Il y a là-dessous quelque chose. Sous cette forme religieuse qui divinise la femme, il a beau fortifier, émanciper son esprit ; il veut une idole esclave et la lier sur l’autel. »

Ainsi, au mot d’union, éclata le mal du temps, division, dissolution, les tristes goûts solitaires, les