Page:Michelet - La femme.djvu/148

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lonté, peu à peu rajeunit par elle. Un matin, le cœur plein d’amour, il dit : « Je revis tout en toi. »

Au reste, quand cette grande puissance est sagement exercée, elle n’a pas besoin de refaire, de guérir. Elle n’a que faire de médecine. Elle est la suprême médecine, créant la santé jour par jour, l’équilibre harmonique, et fermant la porte à la maladie. Quel cœur de femme, de mère, pourrait, en songeant à cela, marchander avec la nature, alléguer quelques dégoûts !

L’amour est spiritualiste, et dans tout ce que demande la vie de l’objet aimé, il ne voit rien que l’esprit. Les nobles et hauts résultats que ces humbles soins obtiennent, les élèvent, les ennoblissent, et les rendent chers et doux.

Une jeune dame distinguée, délicate et maladive, n’aurait cependant laissé à personne la cuisine de son rossignol. Cet artiste ailé est comme l’homme ; pour refaire son foyer brûlant, il voudrait la moelle des lions. Il lui faut la viande et le sang. La domestique de cette dame y aurait eu répugnance. Elle aucune ; elle n’y voyait que le chant, l’âme amoureuse à qui elle allait rendre force. Il recevait de sa main le banquet de l’inspiration (le sang, le chanvre et le pavot), la vie, l’ivresse et l’oubli.