Page:Michelet - La femme.djvu/214

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fécondité, c’est la bénédiction même de l’acte sacré. Si cette femme est si féconde, je l’attribue surtout à ces trésors de tendresse, à cet océan de bonté qui s’épanche de son sein.

Africa est une femme. Ses races sont des races femmes, dit très-bien Gustave d’Eichthall. La révélation de l’Afrique par la race rouge d’Égypte, c’est le règne de la grande Isis (Osiris est secondaire). Chez beaucoup de tribus noires de l’Afrique centrale, ce sont les femmes qui règnent. Elles sont intelligentes, autant qu’aimables et douces. On le voit bien en Haïti, où, non-seulement elles improvisent aux fêtes de charmantes petites chansons, inspirées de leur bon cœur, mais font de tête, pour leurs affaires de commerce, des calculs fort compliqués.

Ce fut un bonheur pour moi d’apprendre qu’en Haïti, par la liberté, le bien-être, la culture intelligente, la négresse disparaît, sans mélange même. Elle devient la vraie femme noire, au nez fin, aux lèvres minces ; même les cheveux se modifient.

Les traits gros et boursouflés du nègre des côtes d’Afrique sont (comme la boursouflure de l’hippopotame) l’effet de ce climat brûlant, qui, par saisons, est noyé de torrents d’eaux chaudes. Ces déluges comblent les vallées de débris qui s’y putréfient. La fermentation y fait gonfler, lever, toute chose, comme la pâte lève au four. Rien de tout cela