Page:Michelet - La femme.djvu/232

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Nos paysans d’autrefois tenaient fort à épouser celle qu’ils connaissaient le mieux, la parente. Pendant tout le moyen âge, ils ont lutté contre l’Église, qui leur défendait la cousine. La défense, d’abord excessive (jusqu’au septième degré, plus tard jusqu’au quatrième), n’existe plus réellement ; on a, tant qu’on veut, dispense pour épouser et sa cousine germaine, et sa nièce, et la sœur de sa première femme. Qu’arrive-t-il ? c’est que, maintenant qu’on en a la facilité, très-peu de gens en profitent.

Les casuistes, esprits faux qui presqu’en tout ont eu l’art de trouver l’envers du bon sens, disent plaisamment ici : « Si l’amour du mariage s’ajoute à l’amour de la parenté, cela fera trop d’amour. » L’histoire dit précisément que c’était tout le contraire. Chez les Hébreux, qui d’abord avaient le mariage des sœurs, on voit que les jeunes gens, loin de s’en soucier, cherchaient hors de la famille, hors du peuple même, couraient les filles philistines. Chez les Grecs, où l’on pouvait épouser la demi-sœur, ces mariages étaient très-froids, infiniment peu productifs. Solon se croit obligé d’écrire dans la loi que les maris sont tenus de se souvenir de leur femme, une fois seulement par décade. On renonça au mariage des sœurs. Les Romains n’épousèrent plus que leurs cousines.

En réalité, le mariage doit être une renaissance.