Page:Michelet - La femme.djvu/233

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Le beau moment où la fiancée entre dans la maison de noces manquait avec la sœur. Cette noble citoyenne grecque, telle que nous la voyons encore aux marbres du Parthénon, elle n’entrait pas dans cette maison ; elle y était dès sa naissance, assise au foyer paternel ; elle représentait fidèlement l’esprit du père et de la mère, la vieille tradition connue ; elle devait se prêter peu aux jeunes idées du frère époux, à la mobilité d’Athènes. Toute magnifique qu’elle fût, elle était un peu ennuyeuse. La race n’y perdait pas, ce fut la plus belle du monde, mais l’amour y perdait trop ; il renouvelait peu la famille.

La Grèce ne s’en souciait guère. Elle craignait la fécondité. Elle ne voulait rien autre chose que fortifier le génie natif, en portant au plus haut degré la vigueur de chaque lignée et son originalité propre. Elle visait — nullement au nombre, — mais simplement au héros. Elle l’obtint et par la concentration des races énergiques, et par un crescendo inouï d’activité, qui, il est vrai, en peu de temps, usa et tarit ces races.

Les éleveurs de chevaux de course n’ont pas d’autre art que celui-là. C’est par des mariages persévérants entre très-proches parents qu’ils créent des spécialités étonnantes de bêtes héroïques. En les unissant entre eux, ils y accumulent la séve de race.