Page:Michelet - La femme.djvu/241

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

quel est-il ? son rival. Plus il sera aimable, aimé, et plus il fera oublier la mère.

Moment curieux à observer, jamais la femme n’est si intéressante. Ce combat d’émotions, contenu, mais transparent, lui donne un charme de nature dont on ne peut se défendre. Elle est belle de sa tendresse et de son abnégation, belle de tant de sacrifices. Que n’a-t-elle pas fait et souffert pour créer cette fleur accomplie ? Une telle fille, c’est la vertu visible de sa mère, sa sagesse et sa pureté. Comme toute femme, elle a pu avoir ses ennuis, ses rêves ; et elle a tout repoussé avec ce seul mot : « Ma fille ! » Elle s’est tenue au foyer entre Dieu et son mari, donnant ses belles années au devoir, à la culture de cette douce espérance. Et, maintenant, comment s’étonner si le pauvre cœur bat si fort ?… Il est, ce cœur, sur son visage, quoiqu’elle fasse, et par moments, il éclate, attendrissant, adorable, dans le rayonnement de ses beaux yeux humides… Grâce, madame, soyez moins belle ! Ne voyez-vous pas qu’on se trouble et qu’on ne sait plus ce qu’on dit ?




C’est une tentation bien forte pour elle d’user de ce pouvoir. Elle voit qu’il ne tient qu’à elle d’enve-